Hadopi, TF1, Courroye…

C’est intéressant de retrouver ces noms associés dans l’histoire de Jérôme Bourreau-Guggenheim, licencié de TF1 pour avoir osé envoyer une question sur Hadopi à sa députée, Françoise de Panafieu. Cette affaire a le mérite de montrer la collusion de grands médias, opérateurs de réseau télecom et fournisseurs de contenus (ici TF1-Bouygues)  avec l’UMP, le gouvernement et ses exécuteurs.

Elle nous montre aussi comment le délit d’opinion est entré dans certaines entreprises. Et que ceux qui sont censés défendre les valeurs de la République, ne le font pas toujours quand ils s’agit de le faire face aux intérêts de l’argent et du pouvoir en France.

Licencié de TF1 pour ses positions anti-Hadopi, Jérôme Bourreau crée une association

Son licenciement ne fera pas taire Jérôme Bourreau-Guggenheim. On se souvient que l’homme avait été brutalement démis de ses fonctions par TF1, après que le ministère de la culture a informé la chaîne que son salarié s’était opposé à la loi Hadopi dans un message personnel envoyé à sa députée Françoise de Panafieu (UMP). « Vous avez des salariés qui, manifestement, aiment tirer contre leur camp« , avait prévenu le chef de cabinet de Christine Albanel, dont le livre sur « Internet et les libertés » doit sortir à la fin du mois d’août.

Le mois dernier, la plainte déposée au pénal contre TF1 par Jérôme Bourreau-Guggenheim pour « discrimination en raison des opinions politiques » a été classée sans suite par le parquet de Nanterre. C’est-à-dire par le procureur Philippe Courroye, dont le traitement de l’affaire Woerth-Bettencourt attise actuellement les doutes sur sa capacité à se mettre au service de la Justice davantage qu’au service du pouvoir et de Nicolas Sarkozy, duquel il est notoirement proche.

Ce mercredi, l’ancien salarié de TF1 annonce la création prochaine d’une association baptisée « Affaire d’opinion« , qui « dépassera ma propre personne et aura pour objet la protection des valeurs démocratiques et la libre expression« .

Il ne manque pas d’égratigner le procureur Courroye, qu’il accuse d’avoir commis une « regrettable erreur d’appréciation » en refusant d’appliquer les dispositions de l’article 225-1 du code pénal, qui condamne les licenciements qui visent des employés en raison « de leurs opinions politiques ». « Si une telle décision devait faire autorité dans des cas similaires, aucun employé n’aurait plus la possibilité de s’exprimer sur les enjeux de société – en son nom propre, en dehors du cadre de son travail – sans l’accord explicite de son employeur. C’est donc la liberté d’expression citoyenne de tous et de chacun qui est insidieusement menacée dans cette affaire« , écrit Jérôme Bourreau. Il pourrait « examiner toutes autres suites pénales qui permettront de condamner ce délit« .

Par ailleurs, il dénonce TF1 qui « par l’intermédiaire de ses avocats, multiplie les manoeuvres juridiques pour reculer l’échéance d’une quelconque conclusion« . Alors que sa plainte aux Prud’hommes devait être examinée en septembre, le dossier a été renvoyé au 16 mai 2011. Il a été licencié en avril 2009…

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com
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Réforme des retraites: huis clos mais…twitt

Trois jours et un huis clos pour le projet de loi sur les retraites

La première réunion de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites s’est déroulée à huis clos. Mais un twitt s’est échappé de la séance, reconstitué ici par Gaétan Gorce (PS):

Commission des affaires sociales

Séance du 20 juillet 2010 à 15h00

Quelques interventions de François Bayrou au cours de cette séance:

Sur le huis-clos:

Une remarque de forme d’abord. À quoi sert un débat en commission qui n’est pas public et où l’application de l’article 40 a rendu irrecevables quasiment tous les amendements ? Je me joindrai volontiers à la demande de certains de nos collègues que nos travaux soient au moins retransmis sur LCP-AN, de façon que ceux de nos concitoyens que cela intéresse puissent les suivre. Je ne crois pas au huis clos !

Sur le fond de la réforme

J’en viens au fond. La réforme doit-elle être d’ordre démographique ou pas ? Tous répondent oui, sauf le groupe de Martine Billard. Le Parti socialiste se prononce pour l’allongement de la durée de cotisation au-delà des 41,5 ans. Pour ma part, je pense que faire glisser l’âge de départ à la retraite de 60 ans à 62 ans est inéluctable et juste. Agir sur la variable durée de cotisation créerait une discrimination à l’égard des personnes ayant fait des études longues ou qui ont « galéré » avant d’entrer dans la vie professionnelle. Je rappelle que la France est seule à agir sur les deux variables, la plupart des pays agissant uniquement sur l’âge de départ à la retraite. J’adhère donc, sur ce point, au texte du Gouvernement.

Néanmoins, j’éprouve trois inquiétudes.

D’abord, malgré les assurances données par le Gouvernement, ce texte n’est pas financé au-delà de 2013. Le Fonds de réserve pour les retraites ne suffira pas, car 32 milliards d’euros sont vite dépensés.

Ensuite, on ne peut limiter la pénibilité au handicap constaté avec une pension. Cela me semble inacceptable.

Enfin, il ne faut pas faire glisser l’âge légal de départ à la retraite sans décote de 65 à 67 ans. Je me battrai bec et ongles afin que les publics les plus faibles – les femmes ayant élevé des enfants, les personnes qui ont « galéré » pendant leur vie professionnelle et celles qui ont travaillé à l’étranger – ne subissent pas cette injustice. Selon la pyramide des départs à la retraite, que m’a communiquée la CNAV, les deux tiers des salariés partent à 60 ans, et ceux qui attendent 65 ans sont environ 3 %, dont la moitié au moins le font parce qu’ils ont atteint le nombre de trimestres nécessaires. Le public qui nous intéresse représentant donc un très petit pourcentage. Dès lors, je ne comprends pas comment le Gouvernement peut affirmer que le départ à 65 ans sans décote coûte 7 milliards d’euros. Il est de notre responsabilité de défendre ces personnes, d’autant plus qu’elles n’ont pas de porte-parole syndical.

Cela dit, je crains fort que l’équilibre de nos systèmes de retraite soit impossible dans le long terme. Il faudrait y réfléchir, comme certains courants politiques ont commencé à le faire. Pour ma part, je défends depuis longtemps l’idée d’un régime par points ou en comptes notionnels.

Monsieur le ministre, vous ne pouvez pas prétendre rechercher, en même temps, la justice et le financement de la réforme des retraites par les plus faibles, les plus fragiles et les plus basses pensions ! Cela est choquant !

Suite à la réponse d’Eric Woerth

En vérité, vous spéculez sur l’absence de réaction de ces publics qui ne sont pas représentés et qui vivent avec les revenus de leur conjoint lorsqu’ils en ont un.

Cette séance a été également été reconstituée par les journalistes de Mediapart.

La réforme des retraites à l’Assemblée: Mediapart brise le huis clos!

Voici un extrait au sujet des interventions de François Bayrou

Pourtant, la critique la plus ferme et la plus argumentée vient… de François Bayrou. Le chef de file du Modem, député non-inscrit, n’est pas membre de la commission des affaires sociales. Mais visiblement, il tenait à une sorte de duel avec le ministre.

Le patron du Modem embraye sur la méthode. «Nous avons un problème de forme. A quoi sert un débat en commission qui n’est pas public? Il faudrait des réponses.» Puis il en vient au fond, suscitant des «Ah!» ironiques à droite. «J’ai trois inquiétudes.» Un, «ce texte n’est pas financé à ce jour». Deux, «vous ne pouvez pas limiter la pénibilité au handicap, c’est impossible». Trois, les salariés devront travailler jusqu’à 67 ans avec la réforme parce qu’ils n’auront pas assez cotisé. Enfin, Bayrou propose un système de retraites par points.

Eric Woerth prend la parole juste après. Il défend les grands axes de son texte: «Pas de réforme des retraites sans toucher à l’âge», et une pénibilité «qu’il faut essayer de constater, de mesurer» – il prévoit un départ à 60 ans pour environ 10.000 personnes par an qui peuvent justifier de 20% d’invalidité.

Mais pour la première fois, le ministre admet des failles dans son projet. Il reconnaît qu’une «réforme de la médecine du travail» est «évidemment» nécessaire, mais que le sujet était trop lourd pour l’intégrer dans la réforme. Grande première, il concède que le texte omet de prendre en compte les pénibilités survenant après le départ en retraite (on pense par exemple aux cancers d’origine professionnelle…) «Ce n’est pas complet, dit-il : on ne traite pas des effets différés.» Ils sont toutefois «très difficiles à mesurer», prévient-il.

Enfin, sur le financement, il donne raison à François Bayrou : «On est en 2018 à 50% du montant à financer, il reste les 50% restants»Au passage, le ministre admet que le fonds de réserve des retraites, doté de 35 milliards d’euros, sera bien mis à contribution: «C’est normal. Il a été fait pour être une réserve quand on en a besoin, et là on en a besoin. Vous avez une réserve d’eau quelque part, un incendie de l’autre côté: vous prenez l’eau pour éteindre l’incendie.»

Bayrou reprend la parole, insistant: «Vous ne pouvez pas chercher à financer (cette réforme) par les plus faibles, les plus fragiles. Il y a là quelque chose de profondément choquant du point de vue de ce qu’on appelle la justice. Vous spéculez sur le fait qu’il n’y aura pas de réaction de ces publics-là car ils n’ont pas de porte-parole pour les représenter.» Woerth encaisse: «Je n’ai pas dit ça.»

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Que ferais-tu si tu n’avais plus de blogue ?

C’est pour moi une grande première. J’ai été taguée par l’Hérétique ! Merci d’avoir pensé à moi, je ne croyais pas mon petit blog susceptible d’être remarqué. Cela fait plaisir de se savoir reconnue.

Et c’est curieux, cette question, qui arrive à un moment où j’avais décidé de lever le pied sur l’écriture de ce blog , ma reprise d’activité professionnelle me laissant peu de temps libre. Et oui, j’ai retrouvé le « métro, boulot, dodo », dans un milieu « mondialisé » où les 35 heures relèvent d’une douce utopie.

J’étais passé un peu en mode « veille » sur mon blog, et pensait limiter le nombre de mes billets. Je ne fais plus guère de commentaires sur Le Monde ou autres sites. Je n’interviens presque plus sur mon forum préféré.

Mais je reste « connectée », à l’écoute du monde, des blogs et des fora. Je suis une abonnée « ancienne » à Mediapart, et j’apprécie leur volonté d’investigation et d’analyse.

La colère est revenue, la révolte avec elle.  Je n’ai pas supporté les attaques contre les journalistes indépendants, les injures des chiens de garde, les mensonges, les manipulations, tout cela déclenché par les révélations « Woerth-Bettencourt » .

J’ai retrouvé le chemin de mon clavier personnel, y ai sacrifié quelques heures de sommeil. Communiquer sa révolte est une forme de combat.

C’est sans doute la raison pour laquelle ne plus avoir de blog me priverait le plus: partager avec d’autres ce que j’ai appris et ce qui m’émeut, faire partie d’une chaîne citoyenne qui répercute ses coups de cœur et ses coups de sang.

Mais avec parfois cette inquiétude, ce doute: est-ce que ce que j’écris intéresse d’autres personnes ? Est-ce que je ne « crie pas dans le désert » ? N’est-ce pas une perte de temps, une fuite, une procrastination ? Et les autres écrivent tellement mieux, ont l’air beaucoup plus à l’aise que moi avec l’écriture, sont tellement plus productifs.

Bref, l’auto-censure menace.

Et j’ai plein de choses à faire: je croule sous les livres et revues non lues, les DVD non visionnés, les sorties de films zappées, les pièces de théâtre loupées, les rosiers qui s’étiolent, l’entretien de la maison négligé, …

Mais internet est devenu une véritable  « addiction ». C’est par le web que je me suis re-intéressée à la politique, avec la campagne présidentielle et Bayrou.  J’étais fascinée par ce réseau de blogueurs enthousiastes qui portaient ses idées. Enthousiasmée aussi par ce foisonnement de débats, cet engagement collectif, cette ouverture au monde pratiquée dans la blogosphère.

Et je me suis lancée à mon tour. Un peu pour voir. Et puis, j’y ai pris goût. Je crois que j’aurais du mal à me passer de cet espace, de cette expression. Et quand je sens les menaces que font planer certains sur Internet, par exemple, sur le fait que l’on puisse s’y exprimer de manière anonyme, je ne peux pas laisser faire.

Je suis trop révoltée pour accepter l’idée de ne plus avoir de blog, et de me contenter de « cultiver mon jardin ». De ne plus être une « citoyenne engagée », mais de me laisser bercer par « Tout est tranquille. Dormez braves gens », d’obtempérer à « circulez, il n’y a rien à voir » .

Il y a aussi l’exercice, peu naturel pour moi, de communiquer, de faire partager ce que je sais. J’aime partir à  la chasse à l’information, capter le maximum de connaissance, mais j’ai tendance à « thésauriser » tout cela. D’où l’aspect salutaire d’un blog, où je peux ressortir ce que j’ai trouvé et que je pense intéressant, à ma guise. Butiner et proposer mon « miel ». Libre à l’internaute de s’y intéresser ou non.

Cet exercice me manquerait, si j’arrêtais.

Sans doute, pour compenser,  j’essaierais de participer à des « clubs de réflexion », comme le CRREA . Mais cela ne laisserais pas la même liberté d’organisation, ni la même indépendance, que la tenue d’un blog. J’interviendrais davantage sur des fora ou des sites, mais sans cette maîtrise des sujets et du texte qu’apporte un blog.

Mais un blog demande du temps, pour être lu, même sans vouloir grimper dans les statistiques d’audience. Cela va être difficile, pendant quelques mois, de le maintenir en vie. Il y a tellement de blogs abandonnés maintenant.

C’est avec tristesse que j’ai appris aujourd’hui la disparition d’un autre grand blog, celui de quelqu’un que j’apprécie énormément, notre grand JFK. Il s’explique dans  » Que voulait être ce blog ? ».

En espérant une note plus optimiste, je passe le relais à Mamouchka , à Libre, et à Chantal

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Vive les medias debout !

C’est celui qui dénonce le crime qui doit être puni. Pas celui qui l’a commis. C’est en gros ce que clament depuis quelques jours les ténors de l’UMP, s’en prenant au médias qui ont « osé » levé le voile sur ce qui, selon eux, aurait du resté celé à jamais.

Aussi, nous devons tout notre soutien, aux journaux qui ont eu le courage et la rigueur professionnelle de diffuser une information embarrassante. Car certains faits sont avérés, même s’ils ont été dévoilés par un curieux concours de circonstances.

La charge menées contre certains de ces medias par une partie des représentants de l’UMP n’est pas admissible en démocratie.

Mediapart: la calomnie

http://www.dailymotion.com/video/xdz6x2

Arrêt sur images: Les coulisses de l’affaire Bettencourt

http://www.dailymotion.com/video/xdz1ky

Mediapart: les enregistrements

Voici deux des enregistrements publiés par Mediapart, dont les interlocuteurs ont été authentifiés par la police.

Les relations avec le pouvoir politique

http://www.dailymotion.com/video/xdrg0s

Evasion fiscale

http://www.dailymotion.com/video/xduld5

L’enquête de l’IGF?

Il reste beaucoup de questions.

Les révélations du « rapport » de l’IGF dont Sarkozy ne parlera pas.

La justice ?

Bien sûr, il y a la présomption d’innocence. Bien sûr, il faudra enquêter sur les faits, bien que l’actualité politique ne s’y prête guère. Bien sûr, il faut que la justice se prononce.

Mais la justice réclame indépendance et sérénité.

Et c’est mal parti, hélas.

Philippe Courroye, procureur du parquet de Nanterre, proche de Sarkozy, dans un article du Monde

estime que «ces enregistrements clandestins posent un immense problème de principe. Une borne a été franchie»

C’est cet homme, qui, ayant déjà publiquement pris parti,  est en charge du dossier.  Nommé dans les enregistrements, il refuse de se dessaisir de l’affaire au profit d’un juge d’instruction ou d’un autre parquet.  Voici quelques mots d’analyse de sa position, publiés dans Mediapart:

Mais le scandale est là : dans la toute puissance d’un magistrat concentrant tous les pouvoirs d’enquête et soumis hiérarchiquement à l’exécutif, en supposant qu’il ne le soit pas politiquement à la présidence.

Le contenu des enregistrements ? Balayé.

Le chèque qu’aurait signé Liliane Bettencourt à Nicolas Sarkozy ? Ecarté.

Les 150.000 euros demandés à la comptable début 2007 pour financer la campagne présidentielle ? Pas évoqué

Le système d’enveloppes d’argent liquide aux politiques et à l’ancien maire de Neuilly ? «Une honte» de l’imaginer

Les interventions d’un conseiller de l’Elysée dans la procédure opposant Liliane Bettencourt à sa fille ? Pas évoquées.

Les 30 millions d’euros reversés au titre du bouclier fiscal à Mme Bettencourt ? «Laissez cela à d’autres».

Pour une justice indépendante et impartiale

APPEL DU 14 JUILLET
Pour une justice indépendante et impartiale
À propos des affaires Bettencourt

Cet appel citoyen peut être signé librement dans le Club de Mediapart (cliquez ici pour le signer en ligne).

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ACTA, le Parlement Européen et l’information des citoyens

La liberté d’informer est essentielle. Les négociations ACTA se déroulent en secret, en dehors de tout regard des citoyens. Nous sommes tous concernés.

Les lobbies « de la propriété intellectuelle » cherchent à imposer leur vision et leur loi aux Etats et aux citoyens. Comme ceux de la finance.

Le débat ne doit pas être confisqué aux citoyens. Il faut exiger la transparence.

ACTA : le Parti pirate claque la porte des réunions secrètes du Parlement européen

Si le Parlement européen est désormais informé régulièrement des différents rounds de négociations autour de l’ACTA, ce n’est pas encore le cas des citoyens européens. C’est ce qu’a rappelé le vice-président et euro-député du mouvement pirate, Christian Engström, en quittant la réunion à huis clos qui s’est déroulée hier.

Il y a quelques semaines, la Suisse accueillait un nouveau round de négociations autour de l’ACTA, à Lucerne. Selon les observateurs sur place, les discussions furent pour le moins animées, avec quelques passes d’armes inattendues entre les représentants de la société civile et les négociateurs de l’ACTA. Ces derniers ont d’ailleurs rendu compte au Parlement européen dans une réunion à huis clos qui s’est déroulée hier.

En effet, Christian Engström rapporte que « les négociateurs de l’ACTA pour la Commission européenne sont venus au Parlement européen, afin de l’informer sur les derniers évènements du dernier round de négociations à Lucerne« . Un retour que le chef de file du Parti pirate au Parlement européen aurait bien souhaité partager avec les premiers concernés par ce texte : les Européens.

Le vice-président du Parti pirate suédois a alors « demandé si [cette réunion] comportait des restrictions sur la façon dont les informations pouvaient être utilisées et diffusées. Au début, la Commission ne semblait pas disposée de répondre par un franc oui ou non, mais après avoir reposé ma question plusieurs fois, ils ont finalement indiqué que je ne serai pas autorisé à évoquer publiquement les informations données« .

Un secret qui a alors excédé Christian Engström, puisque l’euro-député a finalement « quitté la réunion« , ajoutant plus loin sur son blog que « ce manque de transparence autour de ces négociations est totalement inacceptable » au regard des enjeux portés par un tel traité international. Un manque de transparence qui d’ailleurs affectait également le Parlement européen il y a peu.

Début juin, un document juridique de l’Union européenne rappelait d’ailleurs que les négociateurs n’avaient pas le droit de tenir le Parlement européen loin des discussions liées à l’ACTA. L’organe législatif de l’Union européenne devait être pleinement informé de l’avancé du projet de traité international. Deux points du document indiquaient notamment :

« La confidentialité ne peut pas être invoquée comme justification pour ne pas respecter l’obligation de tenir le Parlement européen pleinement informé […]. L’obligation d’informer le Parlement européen ne peut être modifiée ou limitée par un accord entre les institutions ou par un arrangement avec des tiers qui ne sont pas associés au Parlement« .

« Lorsque des documents proviennent d’un tiers, le négociateur de l’Union européenne peut être amené à ne pas divulguer ces informations sans le consentement du tiers concerné. Dans de telles circonstances, le Parlement devrait cependant être tenu au courant avec des informations suffisantes » indiquait encore le document.

Plus tôt dans l’année, un vote quasi-unanime au Parlement européen rappelait à la Commission européenne de rendre public les documents de négociations de l’ACTA, tout en appelant l’organe exécutif à limiter au mieux l’impact du traité sur le droit européen. À l’époque, les euro-députés avaient même menacé de saisir la Cour de Justice des communautés européennes.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com
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Le Nouveau Centre: nouveau défouloir ?

La peur a changé de camp.

Les pittbulls agressifs mordent même ceux qui les ont flattés. Ainsi, j’ai lu cette incroyable attaque dans une dépêche d’agence: « La défaite de l’UMP à Rambouillet, c’est de la faute du Nouveau Centre ».

Bien sûr, cette défaite n’a rien a voir avec les affaires en cours, ni avec les « réformes ».

Ailleurs on lit qu’en raison de l’abstention, ce résultat « n’est pas significatif ». Mais les électeurs votent aussi avec leurs pieds, et préfèrent sans doute taquiner le poisson à la pêche à la ligne.

N’ayant pas retrouvé de lien sur cette dépêche, je la communique ici:

L’UMP impute au Nouveau centre sa défaite à Rambouillet

Reuters | 12.07.10 | 13h50

PARIS(Reuters) – L’UMP a accusé lundi ses alliés du Nouveau centre d’être en grande partie responsables de la défaite,  dimanche, de son candidat à l’élection législative partielle de Rambouillet, près de Paris

Le porte-parole du principal parti de la majorité, Frédéric Lefebvre, a déclaré lors de son point de presse hebdomadaire que cette défaite constituait « une vraie déception ».

Il a refusé de voir dans le « climat délétère » créé par les  rebondissements de l’affaire des liens entre le ministre du  Travail Eric Woerth et l’héritière de L’Oréal, Liliane  Bettencourt, la seule explication de ce fiasco.

Il a reproché au Nouveau centre de ne pas avoir joué le jeu de l’union de la majorité au premier tour et d’avoir présenté deux candidats dans la 10e circonscription des Yvelines.

C’est la candidate Europe Ecologie Anny Poursinoff, soutenue par le Parti socialiste, qui a été élue au second tour. Elle a battu dimanche le candidat UMP, Jean-Frédéric Poisson, avec 51,72% des suffrages exprimés

« La majorité s’est privée d’une dynamique possible parce qu’elle est partie divisée à cette élection », a déclaré le porte-parole de l’UMP. « Le bloc de droite et de la majorité était plus important que le bloc de gauche
mais ce que tout le monde a retenu c’est que la candidate verte était au premier tour devant le candidat de la majorité. »

« C’est donc elle qui a bénéficié de la dynamique. Je crois que ça doit servir de leçon à nos partenaires dans la majorité », a ajouté Frédéric Lefebvre. « Il faut aller unis aux élections. »

Il a estimé que la défaite de la droite à Rambouillet était une réponse à tous ceux qui critiquent la stratégie d’union dès le premier tour défendue par le chef de l’Etat.

Nicolas Sarkozy s’efforce de dissuader le Nouveau centre de présenter un candidat à l’élection présidentielle de 2012, lors de laquelle il pourrait briguer un second mandat.

L’élection le 27 septembre dernier de Jean-Frédéric Poisson avait été invalidée le 20 mai par le Conseil constitutionnel, qui avait ramené l’avance du candidat UMP de cinq à une voix.

Ce siège était initialement celui de Christine Boutin, ministre UMP du Logement, évincée du gouvernement après la déroute de la droite aux élections régionales du printemps 2009, qui avait décidé de ne pas revenir à l’Assemblée.

Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse

C’est vrai que les néo-centristes n’en sont pas à une couleuvre près. La soupe servie me rappelle un film

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Et, des on son côté, sa chattemite Xavier Bertrand réactualise le délit de « sale gueule » (il n’a pas du se regarder)

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Législatives Yvelines: un avertissement ?

Les élections législatives partielles sur la circonscription de Rambouillet se sont achevées ce dimanche.  Le remplaçant de Christine Boutin à l’Assemblée Nationale, Jean-Frédéric Poisson a du s’effacer devant la candidate Europe Ecologie-PS, Anny Poursinoff.

La candidate écologiste a obtenu 51,72% des suffrages exprimés  contre 48,28% pour le candidat de l’UMP.

Le taux de participation a été de 29,42%  (26,75% au premier tour).

Ainsi, la circonscription de Rambouillet, ville dont Gérard Larcher, Président du Sénat, est le maire, vient de basculer. C’est la première des Yvelines à « changer de bord ».

La gauche et Europe-Ecologie avaient déployés leurs poids-lourds pour soutenir Anny Poursinoff. Les « ténors » de l’UMP se sont fait discrets.

La circonscription, qui semblait « gagnée d’avance » par le suppléant de Christine Boutin, a changé de couleur politique.

Dans le climat actuel, avec des responsables UMP qui se montraient déjà sous un jour inquiétant, au point de s’attaquer à la liberté de la presse et de faire sauter les compteurs de points Godwin, la panique risque d’atteindre les rangs des élus UMP actuels.

Espérons que la peur saura leur faire entendre les voix de ceux qui luttent pour la démocratie et la justice.

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L’effet de la peur

La Sarkosie tremble. Dos au mur, elle montre son plus hideux visage.

Parce que le traitement des journalistes d’investigation par les aboyeurs de l’UMP me révulse
Parce que, si le FN exploite la situation, ce n’est pas une raison de mordre ceux qui ont levé le lièvre
Parce que je tiens à la liberté de la presse, la liberté d’Internet,
Parce que je veux que les enquêtes poursuivent leur cours, en toute indépendance, et que la justice se prononce, en toute indépendance… et dans la sérénité.

Voici un relevé d’articles sur cette attaque concertée contre le journalisme d’investigation, sérieux et indépendant:

L’effet de la peur

Dominique Ferrandini et Patrick Filleux, membres fondateurs du Syndicat autonome des journalistes (SAJ-UNSA), réagissent à l’expression «méthodes fascistes» utilisée par deux ministres à l’encontre de Mediapart, dans une «panique verbale et diffamatoire»

Nous sommes tous fascistes !

Honteux torrent de boue déversé sur la presse par les UMPistes aux abois

Quand la nouvelle est mauvaise, on veut tuer le messager…

Mediapart: 1 – Élysée: 0

Le président de la République et ses suppôts tentent de jouer sur les deux tableaux dans l’affaire Bettencourt-Woerth-Sarkozy. Ils se posent d’abord en martyrs de la presse, pour susciter la compassion du public, qui se souvient des chasses à l’homme d’Outreau et de Toulouse, au cours desquelles tant d’innocents furent injustement persécutés.

Le chantage au populisme

Est-ce que vous vous rendez compte du mal que vous faites à la démocratie…” F. Baroin s’adressant au groupe socialiste le 6 juillet 2010 à l’Assemblée nationale

Affaire Woerth : quand Frédéric Lefebvre se prend pour Zola

Dans une tribune intitulée « J’accuse », le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre s’emporte contre les médias et l’opposition, jeudi 8 juillet dans France Soir. « Dans quelle France vit-on ? L’opposition au président de la République n’excuse pas tout ! »

La majorité relance une charge contre Mediapart

des membres de la majorité lancent une nouvelle salve de contre-attaques, prenant pour cible Mediapart. De son côté, le site Internet d’information « maintient » son article, et reçoit le soutien des organisations professionnelles.

Mediapart : Lefebvre cible Niel

Comment ternir l’image de Mediapart tout en essayant de faire capoter la vente du Monde? C’est le nouvel angle d’attaque de la majorité dans l’affaire Woerth-Bettencourt. Dans une tribune publiée dans France-Soir, Frédéric Lefebvre dénonce « un site aux méthodes inqualifiables financé par un riche homme d’affaires ». Et qui est ce riche homme d’affaires ? Xavier Niel, le fondateur de Free, actionnaire de Mediapart et repreneur du journal Le Monde avec Pierre Bergé et Matthieu Pigasse.

Affaire Woerth: une défense normale mais pathétique

Cependant, une certaine stratégie de défense qui consiste à invoquer un complot, à dénoncer un chef d’orchestre clandestin, à stigmatiser hargneusement la presse en général et accuser les socialistes de tirer les ficelles de cette histoire, est assez pathétique.

Un média libre qui sort des documents bruts et, ensuite, enquête – en l’occurrence, Mediapart – on ne peut pas dire qu’en France cela pullule. Or, voilà les réactions : « média fasciste » lance Xavier Bertrand. « Les journalistes ont-ils une conscience ? », ose François Fillon. Qui aurait osé traiter un responsable UMP de fasciste ou s’écrier « ce gouvernement a-t-il une conscience ? ». Je vous jure que si quelqu’un le faisait, je le stigmatiserais.

Crise politique, crise de confiance

Comment une sombre affaire de famille peut-elle déboucher sur une crise politique majeure ? Comment les écoutes clandestines d’un majordome au domicile de sa fortunée patronne, intrusion plus que discutable dans « la vie des autres », peuvent-elle ébranler le sommet de l’Etat ?

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Plus que 16 signatures à réunir pour la déclaration anti-ACTA

C’est presque fait, et ça sera une grande victoire pour les adversaires de l’accord commercial anti-contrefaçon (ACTA). Lundi, il restait encore 116 signatures de députés européens à recueillir sur la feuille de la déclaration écrite n°12 « sur l’absence d’un processus transparent et la présence d’un contenu potentiellement controversé concernant l’accord commercial anti-contrefaçon ». Ce matin, comme nous le racontions, les services du Parlement Européen ont accepté de prolonger le délai de signature jusqu’au 9 septembre, puisque l’objectif était tout prêt d’être atteint. Il restait en effet ce midi moins de 70 signatures à réunir sur les 396 nécessaires pour que le texte devienne une déclaration officielle du Parlement.

Ce soir, il est presque certain que la déclaration sera adoptée. Il ne reste en effet que 16 signatures à réunir, et une semaine complète de séances plénières au Parlement Européen pour y parvenir. 54 signatures ont été collectées sur cette seule journée de jeudi.

Portée par les députés Françoise Castex (S&D, FR), Alexander Alvaro (ALDE, DE), Stavros Lambrinidis (S&D, GR) and Zuzana Roithová (EPP, CZ), la déclaration n°12 dit :

A. considérant les négociations en cours concernant l’accord commercial anti-contrefaçon (ACAC),

B. considérant que le rôle de codécision du Parlement européen en matière commerciale et son accès aux documents de négociation sont garantis par le traité de Lisbonne,

1. considère que l’accord proposé ne doit pas imposer indirectement l’harmonisation de la législation européenne sur le droit d’auteur, les brevets ou les marques et qu’il convient de respecter le principe de subsidiarité;
2. déclare que la Commission devrait immédiatement mettre à la disposition du public tous les documents relatifs aux négociations en cours;
3. estime que l’accord proposé ne doit pas imposer de restrictions à la procédure judiciaire ni affaiblir les droits fondamentaux tels que la liberté d’expression et le droit au respect de la vie privée;
4. souligne qu’une évaluation des risques économiques et d’innovation doit précéder l’introduction de sanctions pénales dans les cas où des mesures civiles sont déjà instaurées;
5. considère que les fournisseurs de services internet ne doivent pas être tenus responsables des données qu’ils transmettent ou hébergent par l’intermédiaire de leurs services dans une mesure qui impliquerait une surveillance préalable ou le filtrage de ces données;
6. signale que toute mesure visant à renforcer les compétences en termes de contrôle transfrontalier et de saisies de marchandises ne peut porter atteinte à l’accès à des médicaments légaux, abordables et sûrs à l’échelle mondiale;
7. charge son Président de transmettre la présente déclaration, accompagnée du nom des signataires, au Conseil et à la Commission, ainsi qu’aux parlements des États membres.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

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Petites leçons d’éthique politique

Etienne Pinte, député des Yvelines, ancien maire de Versailles, est souvent apparu comme la « bonne conscience » de la droite. Il a fermement défendu des positions opposées à celle du gouvernement, en particulier au sujet du traitement des immigrés sans papiers.

Il a, comme François Bayrou, réagi à la suspension des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire.

Mais il reste très proche de l’appareil de l’UMP, dont il a été le trésorier. Ainsi ses déclarations à propos de la situation d’Eric Woerth, sur France Inter et dans le journal La Croix, sont à considérer,  tout soupçon de parti-pris d’opposition étant exclu.

«Caesaris mulier non fit suspecta !»

« La femme de César ne doit pas même être soupçonnée »

S’agissant d’Éric Woerth, je crois que c’est la première fois qu’il y a un cumul entre les fonctions de trésorier et des fonctions ministérielles. Avec ce risque d’être soupçonné de ne pas toujours faire la différence entre les deux…

Il y a un risque de confusion des genres. Il est important qu’il y ait séparation, autonomie de décision entre le trésorier chargé du financement du parti et des fonctions ministérielles…

La question de financer certaines choses ou pas se pose souvent. L’important, c’est que tout se fasse de manière régulière et transparente. C’est pourquoi aussi le cumul des fonctions devrait être évité...

Récolter des fonds pour un parti politique doit se faire depuis le parti, et non depuis un cabinet ministériel.

Mora cogitationis diligentia est

« Le temps de la réflexion est une économie de temps »

J’ajoute qu’il existe une autre incompatibilité : comme trésorier, je passais beaucoup de temps pour que les choses soient claires, nettes, transparentes et qu’il n’y ait pas de dérives. Cela prend du temps ! Je ne vois pas comment il est possible d’être ministre en même temps. Éric Woerth a commis une erreur, une imprudence, en cumulant ces deux fonctions.

Uti, non abuti

« User, ne pas abuser »

Sur l’interdiction du cumul des fonctions ( Eric Woerth n’est pas un cas unique  dans la galaxie UMPienne)

Cela devrait être naturel ! Il n’y a pas besoin de loi, de règlement pour ça. C’est une question de déontologie, mais aussi de lucidité.

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