François Bayrou sur France-Culture

Ce matin, François Bayrou était l’invité des Matins de France Culture.

Un grand moment d’analyse des derniers évènements politiques.

http://www.dailymotion.com/video/xevuhg

L’émission complète: http://www.franceculture.com/emission-les-matins-francois-bayrou-2010-09-20.html

Publié dans Mouvement Démocrate | Marqué avec | Commentaires fermés sur François Bayrou sur France-Culture

L’obligation d’accepter tout modem

CC Numérama

Internet est un formidable vecteur d’échange. Il évolue et vie de manière non prévisible, avec la créativité de ses utilisateurs les plus avertis.

Certains ont compris qu’ils pouvaient l’exploiter économiquement, ce qui n’est pas un mal en soi, mais ils préféreraient contrôler les échanges à leur profit. Pour cela, des dispositifs sont proposés, avec le support d’officines et d’élus. Les lobbies sont actifs, très, et l’on voit Hadopi, Acta, Loppsi, avec le filtrage du net (ex: les DPI, Deep Packet Inspection),  l’imposition de services non sollicités, le traitement différencié des flux (si c’est un service du FAI, Fournisseur d’Accès Internet, la qualité est bonne, sinon, il n’y a pas de garantie de délai d’acheminement, comme pour les services postaux « low-cost »).

Il y a partage du marché entre FAI, et donc distorsion de la concurrence. La liberté des échanges et la non-discrimination sur l’accès à Internet doit être garanties par une Autorité indépendante (ARCEP en France, FCC aux US). Mais ses autorités s’appuient sur la loi, et la Neutralité du Net fait l’objet de débats importants.

Un rapport sur la « Neutralité de l’Internet »  a été produit par le Sécretariat d’Etat à l’Economie Numérique, défendu par Nathalie Kosciusko-Morizet « La neutralité du Net est un principe plutôt qu’un credo »

Il a été critiqué par de nombreux acteurs, dont Benjamin Bayart: « Dans ce rapport, ce qui saute aux yeux, c’est l’incompétence ».

Ce qui fait dire à FrédericLN: « Le gouvernement défend la neutralité d’internet… à reculons »

Certains socialistes se bougent pour défendre la Neutralité du Net, et, par conséquence la vision d’un réseau libre, ouvert, non soumis aux seules règles du profit. C’est dans ce cadre que Christian Paul  demande la neutralité à l’accès avec choix possible de son propre matériel de connexion à Internet, sans pénalisation en terme de qualité de l’accès (pas de box imposée). C’est une position, peu revendiquée par ailleurs, que j’ai déjà évoquée et que j’applaudis.

J’espère que nos parlementaires du Mouvement Démocrate soutiendront cette position.

Neutralité du net : la proposition de loi socialiste pense aux boîtiers des FAI

Le député Christian Paul (PS) a publié une proposition de loi sur la neutralité du net, qui entend affirmer le principe et les moyens d’en assurer l’effectivité, tout en encadrant strictement les cas où il sera possible d’y déroger.

Mise à jour : Christian Paul a mis en ligne sa proposition de loi sur l’outil collaboratif Co-ment pour faciliter les annotations en vue de l’amélioration de son texte.Article du 16 août 2010 – Comme il l’annonçait lundi soir sur Numerama, le député de la Nièvre Christian Paul (PS) souhaite déposer une proposition de loi « visant à affirmer le principe de neutralité de l’internet, et son contenu ». Le texte (voir ci-dessous ou sur le site de Christian Paul) qui n’est encore qu’un projet soumis à critique débute par un premier article général qui définit la neutralité du net comme « l’interdiction de discriminations liées aux contenus, aux tarifications, aux émetteurs ou aux destinataires des échanges numériques de données« . Il impose de respecter « le principe de neutralité » dans toute « action ou décision ayant un impact sur l’organisation, la mise à disposition, l’usage commercial ou privé des réseaux numériques« .

« Le choix d’un Internet défini comme un réseau ouvert, neutre et décentralisé doit être aujourd’hui le nôtre. Il est indispensable que le principe de neutralité soit enfin clairement défini par la loi républicaine. C’est une véritable laïcité informationnelle, une neutralité de l’espace public où chacun est libre de venir avec ses pratiques numériques pour peu qu’il respecte les autres, qu’il nous faut bâtir« , explique le député. « Nous ne sommes ni pour le laisser-faire, ni pour une fausse régulation en trompe-l’oeil affirmant un principe en même temps qu’un droit universel à y déroger. Les pratiques acceptables en matière de gestion des réseaux doivent être rigoureusement encadrées par le régulateur ».

Aussi, selon la proposition, les FAI « ne peuvent transmettre prioritairement un flux de données » que « dès lors que tous les flux de données du même type, quelque soit le protocole et autres modalités de transmission utilisées, bénéficient de la même priorité« , ou « sur décision d’une autorité judiciaire indépendante« .

De même, pour éviter tout filtrage ou bridage pour des raisons marketing, ils n’auraient le droit de « restreindre les capacités d’envoi et de réception des données » qu’avec accord préalable de l’ARCEP, ou conformément à un ordre judiciaire.

Christian Paul a aussi conscience – ce qui est encore trop rare – que la question de la neutralité du net n’est pas dissociable de celle du couplage systématique de l’offre d’accès à Internet aux services proposés par les FAI via leurs boîtiers ADSL. Le député demande en effet dans sa proposition de loi à ce que les FAI aient l’obligation d’accepter tout modem, et de publier dans un standard ouvert les modalités techniques d’utilisation de leurs services.

« La neutralité de l’Internet doit être, en quelque sorte, similaire à celle du réseau électrique. Aujourd’hui, n’importe quel français est libre de choisir son fournisseur d’électricité, ainsi que les équipements de raccordement au réseau« , explique le député dans les motifs. « Dans un passé pas si éloigné, les internautes choisissaient leur modem (modulateur / démodulateur) et ne se voyaient pas imposer l’installation de la « box » du fournisseur d’accès retenu et de son bouquet de services associés. Cette liberté de choix, qui sera à coup sûr féconde en nouvelles offres de services, doit être retrouvée« .

Il y aurait sans doute moyen d’aller encore plus loin, en demandant que les tarifs des fournisseurs d’accès à Internet fassent systématiquement apparaître la répartition du prix entre l’offre d’accès à Internet et l’accès aux services annexes, et qu’il soit possible de souscrire au premier sans souscrire aux seconds.

Annoncé depuis plusieurs mois, le texte socialiste se veut être le contre-poids de celui que le groupe UMP entend déposer lui-même sur le bureau de l’Assemblée Nationale, selon un cadre préparé par un rapport gouvernemental peu encourageant.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com
Autre article à lire, pour bien comprendre les enjeux :
Publié dans Internet, Mouvement Démocrate | Marqué avec , , , | 3 commentaires

Chassez-les tous !

Roms : « plus de 40 camps » démantelés en 15 jours:

Tout d’un coup, ces camps qui étaient tolérés par les préfectures doivent être « nettoyés ». Bien sûr, il y a des installations abusives, et parfois beaucoup de nuisances, voire de dégradations. Les élus locaux redoutent la situation.

Mais cette « opération de nettoyage » laisse un goût amer. Viennent à l’esprit des parallèles avec une période peu glorieuse de notre histoire. Les Roms furent pourchassés, avec l’aide de  l’Etat Français. Même si  la raison refuse l’amalgame, une certaine nausée demeure. Elle est partagée par des représentants de l’UMP, que font réagir leur humanisme, leur sens de l’honneur et  leur vision de la France. Bien sûr, d’autres réactions ont eu lieu, sous d’autres couleurs. Mais celles-ci montrent que certains à l’UMP bravent l’omerta, relèvent la tête et disent « non ».

Les Bijoux de la Castafiore, par Hergé

Les Bijoux de la Castafiore, par Hergé

Il y a aussi cet aspect de « punition collective » d’une « communauté » en réponse à la dérive d’un groupe d’individus.   C’est un vrai pas en direction d’un mode de « culpabilité collective », qui viole les fondamentaux du droit.

Jean-Pierre Grand: Roms : un député UMP dénonce la politique « ignoble » du gouvernement

Peut-on être un député de la République et laisser faire cela sans réagir quand on découvre que les forces de l’ordre, intervenant très tôt le matin, trient les familles, les hommes d’un côté, les femmes et enfants de l’autre, avec menace de séparer les mères et les enfants? »

Etienne Pinte: Attention à ne pas alimenter le communautarisme

Après les étrangers en situation irrégulière, les sans papiers susceptibles d’être régularisés, on prend soin maintenant de distinguer les citoyens français d’origine étrangère, les citoyens français naturalisés, les gens du voyage dont 95% sont français et enfin les roms citoyens européens.

…respectons nos lois et d’abord la loi Louis Besson de 1990 prévoyant des aires d’accueil et de grand passage pour toutes les catégories de gens du voyage.

En ce qui concerne les populations roms, il est faux de dire comme Pierre Lelouche, secrétaire d’Etat chargé des problèmes européens, qu’ils  ne veulent pas s’intégrer, eux qui fuient la misère, rejetés de partout. Qu’il prenne le temps d’aller voir le village d’insertion d’Aubervillers, très belle réussite, avant de faire ces déclarations péremptoires.

Alain Juppé: Retour aux fondamentaux

La priorité sécuritaire ne doit pas non plus conduire à des exagérations, peu compatibles avec nos valeurs fondamentales. L’argument selon lequel une mesure recueille la faveur des “sondés” est à manier avec modération.

François Goulard :Roms : une politique « choquante » et « inefficace » selon un député villepiniste

« Cette politique est choquante. On se moque des Français. Les problèmes de sécurité ne tiennent pas à quelques camps de Roms. On donne des gages à une partie de l’opinion pour une efficacité à peu près nulle »

« les Français sont de moins en moins dupes de ce type de gesticulation. Même s’ils ne condamnent pas forcément certaines mesures, ils considèrent qu’elles ne sont pas efficaces et ils ont raison ». Le député s’émeut « des bavures » et « des femmes et des enfants qui ne sont pas traités de manière décente ».

Pour compléter:

Appel de l’aumônerie catholique des Gens du Voyage

De tristes événements mettant en cause des personnes de la communauté des Gens du Voyage sont survenus récemment dans la vallée du Cher. En plaçant l’ensemble de cette communauté, ainsi que celle des Rom, sous le feu des projecteurs médiatiques et politiques. Ils ont servi de prétextes à des généralisations hâtives et à une recrudescence de la stigmatisation dont sont victimes ces populations. Nous le déplorons vivement.

Les quatre principales associations de Gens du Voyage appellent à renoncer aux effets d’annonces pour rechercher des « réponses publiques, concertées et volontaristes ».

…ne peut se résoudre à voir les Roms et Gens du Voyage victimes de préjugés et d’amalgames, boucs-émissaires désignés des difficultés de notre société, alors qu’ils en sont souvent les premières victimes. Nous sommes convaincus que le remède à la peur et à l’insécurité ne se trouve pas dans une surenchère sécuritaire mais passe par une action de longue haleine nourrie de respect et de connaissance réciproques.

Image de prévisualisation YouTube

Ailleurs:

Le frère Rupert et « Les bijoux de la Castafiore »

Sarkozy devrait relire les Bijoux de la Castafiore

Edit:

Sur Owni.fr,

Le  billet très énervé de Jean-Noël Lafargue : La quinzaine du Rrom

[docu] Qui a peur des Gitans ?

Publié dans Education, Société | Un commentaire

Haïti: toujours besoin d’aide

Voici une copie d’un message reçu d’un ami. Je connais cette association et l’auteur de ce message depuis longtemps.

HAMAP est une ONG qui se consacre essentiellement au déminage. Elle a entrepris une opération de soutien à Haïti.

Mes chers amis,
Voici le troisième qui vous donnera un point de situation sur les actions de HAMAP en Haïti.
Si vous ne souhaitez plus recevoir de mails de notre ONG, répondez moi en notant « désinscription ».

Avant toutes choses, je tiens à vous dire que la situation à Port au Prince est toujours aussi dramatique même si la vie a repris (écoles, administrations, Internet, etc.). Les premières pluies sont arrivées et la période cyclonique arrive également. La reconstruction n’a toujours pas commencée et des centaines de milliers de personnes vivent encore sous des abris provisoires.

L’ONG HAMAP poursuit son action avec les moyens qu’elle a :
1. Envoi d’un container de 62 M3 de matériels et de nourriture en juin pour le soutien des enfants et des associations sérieuses avec lesquelles nous avons des partenariats (détail en liste jointe). Une équipe est partie sur place pour s’assurer que le fret a bien été distribué et aux bons destinataires. Ceci a été fait conformément à la pièce jointe qui vous donne tous les détails.

2. Envoi d’un deuxième container de matériels scolaires, de denrées et de matériel de maraîchage pour faire des jardins tropicaux. Le départ de ce container est imminent.
3. Envoi d’une équipe pour effectuer une mission ingénierie fin août pour 15 jours afin de finaliser les dossiers concernant la construction de puits (4 pompes financées par Siemens), de réserve d’eau, la réhabilitation d’écoles, etc.

4. Envoi d’une équipe pour monter des jardins potagers tropicaux avec le soutien des villes de Sanary sur mer, de Plaisir (78), du Crédit Mutuel d’Anjou (49), du Conseil Général du 92 et d’autres soutiens divers pour cette opération.

5. Envoi d’une équipe de médecins et d’infirmiers en Octobre pour soutenir les crèches et familles soutenues par les associations haïtiennes amies.

6. Création d’une base logistique qui permettra d’accueillir les nombreux containers venant de France. En attente de financements.

A ce jour, si nous souhaitons envoyer d’autres denrées et matériels pour aider les enfants et les familles les plus durement touchées, il nous faudra des fonds pour acheminer les containers. L’ONG HAMAP a dépensé sur fonds propres plus de 15 000 Euros et ne peut plus supporter l’envoi d’un autre container.

Si vous avez des connaissances (collectivités, entreprises, fondations) en mesure de nous aider financièrement ou de soutenir un projet que nous suivons, mettez nous en contact avec eux.

Si vous souhaitez soutenir HAMAP, je rappelle que la cotisation est de 30 euros (chèques à l’ordre de HAMAP à envoyer au siège 12 BIS rue du Belvédère 92370 CHAVILLE). Si vous faites cette démarche je vous saurais gré de bien vouloir m’envoyer un mail me donnant vos coordonnées (NOM, Prénom, adresse à jour, date et lieu de naissance et profession). Ceci est indispensable pour notre demande d’utilité
publique. L’intérêt pour vous est de déduire fiscalement à hauteur de 75% du montant du don. Si vous avez envoyé votre cotisation envoyez- moi cependant le mail avec vos coordonnées afin de vérifier notre base de données.
Si vous souhaitez soutenir une action envoyez nous un chèque (même coordonnées) en précisant au dos le pays et l’action que vous souhaitez soutenir.
Nous avons vraiment besoin de vous tous.

Merci à vous tous.
Joël

Publié dans Société, Yvelines | Commentaires fermés sur Haïti: toujours besoin d’aide

Internet: « La liberté c’est… »

Les mots ont un sens…Mais pas le même pour tous. Les dispositifs de filtrage et de censure du Net se mettent en place, même de manière cocasse (Filtrage : l’ARJEL a confondu registrar et hébergeur). Les « lobbies font partie de la société civile », et les « amis » sans doute aussi.

Quand l’UMP évoque la liberté, surtout pour parler d’Hadopi,  la novlangue d’Orwell vient à l’esprit (si pas encore trop atteint par les télécrans).

Hadopi est « une chance pour la liberté sur Internet »

Destruction de la langue et de la logique (Wikipédia)

l’Angsoc a créé une langue, le novlangue (newspeak en anglais). Cette langue est constituée principalement d’assemblages de mots et est soumise à une politique de réduction du vocabulaire. Le nombre de mots en novlangue diminue sans arrêt.

Au début du roman, un membre du Parti Extérieur révèle que la version finale du dictionnaire novlangue était en préparation afin d’éliminer tout autre mode de pensée et idée hérétique. De plus, les mots novlangues comportant peu de syllabes afin d’être prononcés plus rapidement, sont conçus pour être prononcés sans réflexion et afin d’anéantir l’affect et la connaissance intuitive des mots ainsi que de rendre impossible l’expression et la formulation de pensées subversives. Bien qu’il soit toujours possible de dire que les décisions du Parti sont mauvaises, il sera impossible d’argumenter sur cela. À l’époque où est censé se passer le roman, le novlangue constitue encore une nouveauté, qui coexiste tant bien que mal avec l’anglais classique. Le langage en est réduit à une fonction informative.

Le novlangue fait l’objet d’appauvrissements planifiés dont le but est d’hébéter la populace pour mieux la contrôler.

En outre, le « sens logique » des assujettis au régime est lui-même altéré. En novlangue, par exemple, un même mot comme « canelangue » peut avoir un sens laudatif s’il est appliqué à un membre du parti ou péjoratif s’il est appliqué à un ennemi du Parti. Il devient donc impossible de l’utiliser pour dire du mal d’un membre du Parti. La population est abreuvée de slogans comme :

  • « La guerre, c’est la paix. »
  • « La liberté, c’est l’esclavage. »
  • « L’ignorance, c’est la force. »
  • « 2 + 2 = 5 » (à ce slogan, Winston réagit sur son journal en déclarant : « La liberté, c’est la liberté de dire que deux plus deux font quatre. »)

Ainsi, sur la Neutralité du Net, dans le projet gouvernemental,

« les intentions sont manifestement de porter atteinte à la neutralité du net plutôt que la défendre bec et ongle. Ainsi, « les bénéfices de la neutralité ou de l’ouverture de l’Internet doivent être mis en regard d’autres considérations sociétales, économiques, juridiques ou techniques« , prévient le rapport, qui donne son blanc seing au fait de transformer les intermédiaires techniques en auxiliaires judiciaires.

Davantage d’explications sont fournies dans l’article de Guillaume Champeau.

Neutralité du net : le gouvernement veut filtrer les « agissements illicites »

Le journal Libération cite des extraits du rapport remis par le gouvernement sur la neutralité du net, en préparation d’une proposition de loi prévue d’ici la fin de l’année. Une neutralité qui n’en aura plus que le nom, si les tendances affichées se confirment.

On le sait, le gouvernement a remis fin juillet son rapport sur la neutralité du net. Il s’agit de la première étape avant que l’UMP ne dépose une proposition de loi visant à affirmer comme un principe la neutralité des réseaux, pour mieux en lister tous les exceptions possibles, et aboutir à cette fameuse « quasi-neutralité » décrite par l’ARCEP. Bien que très attendu, le rapport n’a pas été publié par le gouvernement. Il doit servir de base à des auditions menées en septembre et octobre, avant la rédaction d’un texte législatif en novembre 2010.

Le journal Libération, cependant, a pu mettre la main sur le rapport et en livrer les premiers extraits, à défaut d’en publier l’intégralité. Des extraits qui confirment toutes les craintes que l’on peut avoir du projet gouvernemental. Si l’on en juge par les extraits du quotidien, les intentions sont manifestement de porter atteinte à la neutralité du net plutôt que la défendre bec et ongle. Ainsi, « les bénéfices de la neutralité ou de l’ouverture de l’Internet doivent être mis en regard d’autres considérations sociétales, économiques, juridiques ou techniques« , prévient le rapport, qui donne son blanc seing au fait de transformer les intermédiaires techniques en auxiliaires judiciaires.

« Sur l’Internet, comme ailleurs, les agissements illicites (fraudes et escroqueries, délits de presse, atteintes à la vie privée, contrefaçon, piratage des oeuvres protégées par le droit d’auteur, diffusion de contenus pédopornographiques, etc.) doivent être poursuivis et sanctionnés, ce qui peut impliquer la mise en place de dispositifs de filtrage ou de blocage de certains contenus« , ajoute le gouvernement. La liste des cas de filtrage ouverte par la loi sur les jeux en ligne, déjà mise en application, devrait rapidement s’allonger. Le rapport concède simplement qu’il s’agit de mesures « controversées« , pour mieux anticiper les arguments qu’il faudra déployer contre les défenseurs de la neutralité.

Du point de vue de la stratégie commerciale des opérateurs, le rapport estime que « la préservation d’un Internet ouvert n’interdit pas la mise en place de mesures techniques, notamment de gestion de trafic« , mais il précise que les interventions devront « répondre à des objectifs légitimes, rester aussi limités que possible et être appliqués de façon transparente et non discriminatoire« . Nathalie Kosciusko-Morizet avait prévenu au mois d’avril qu’elle refuserait les accords commerciaux visant à privilégier le trafic d’un partenaire. Il propose notamment un « code de bonne conduite » qui sera encadré par l’ARCEP, mais prévient que « l’investissement dans de nouvelles infrastructures » reste la priorité par rapport aux mesures restrictives, qui devront rester temporaires.

Le rapport ouvre à cet égard la voie à la fin du dogme du forfait illimité à prix fixe, imposé sur le marché par Free. Il estime ainsi possible « une augmentation du prix des forfaits ou un plafonnement de consommation dans les forfaits permettant d’adapter la facturation à la consommation« , ce qui de notre point de vue est la meilleure garantie du respect de la neutralité du net par les opérateurs. Ils ne pourraient plus en effet prétendre qu’ils sont obligés de brider l’accès à telle ou telle application gourmande en bande passante, pour en favoriser d’autres. Mais le gouvernement, aussi soucieux de démocratiser l’accès à Internet et de ne pas creuser de facture numérique, reconnaît aussitôt que la tarification différenciée selon les volumes « soulève certaines inquiétudes sur leurs impacts, les modalités de mise en œuvre le cas échéant et les moyens de garantir un Internet ouvert« .

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

Pour le clin d’oeil

Image de prévisualisation YouTube

Et aussi

Loppsi: Holocartoons.com : l’Iran poussera-t-il la Loppsi à le suivre dans la censure ?

Publié dans Internet, Libertés | Marqué avec , , | Un commentaire

Quelque chose…

Le Monde nous rapporte un éclair de lucidité de notre ancienne ministre de la justice, maintenant qu’elle n’est plus en cour:  « quelque chose n’a pas marché » dans la lutte contre la délinquance.

Je trouve cette expression très révélatrice d’une certaine légèreté, mêlée à de la (fausse?) naïveté. Un peu comme « Y a quelque chose qui cloche »

Image de prévisualisation YouTube

Mais moi je veux qu’ILS s’en aillent.

La politique sécuritaire que mène Nicolas Sarkozy depuis tant d’années, est un échec. Le tout répressif ne peut pas fonctionner, même si la loi est à faire respecter.

Alors, il veulent trouver des boucs émissaires. Les derniers discours xénophobes sont à vomir.

La xénophobie, ce rejet de « l’étranger », de « l’autre » apparait comme une doctrine officielle. Même le New-York Times s’en offusque.

Les roms sont désignés comme coupables. Du délit de ne pas être sédentaires ?

Il est donc question d’avoir une citoyenneté à deux vitesses: ceux dont la filiation serait « sans tâche » et les « sang-mêlés ». Cette idée évoque les heures les plus sinistres de notre pays, quand il n’était plus que l’ombre de lui-même.

Les parents deviendraient pénalement responsables des actes de leurs enfants, ce que dénonce Michel Rocard:

La loi sur les mineurs délinquants passe de la responsabilité pénale individuelle à la responsabilité collective. On n’avait pas vu ça depuis Vichy, on n’avait pas vu ça depuis les nazis. Mettre la priorité sur la répression, c’est une politique de guerre civile.

François Bayrou s’est exprimé également sur le sujet (et on peut le lire dans le Marianne papier)

« Ce sont des sujets dangereux parce qu’autant il est juste, légitime et nécessaire d’avoir en matière de sécurité une démarche qui soit une démarche intransigeante, forte et juste, autant essayer de tracer un signe égal entre immigration et insécurité, entre immigration et délinquance, évidemment c’est rendre au pays un très mauvais service et c’est à mon sens déstabiliser et rendre plus dangereuse encore la société française »

Etienne Pinte, député des Yvelines, s’oppose au discours de Nicolas Sarkozy, qui déconcerte beaucoup de membres de l’UMP.

Il est stupéfiant de vouloir lutter contre l’absentéïsme scolaire par la suspension des allocations familiales ou d’envisager d’emprisonner des parents qui ne seraient pas parvenus à accompagner leurs enfants sur les chemins du respect des droits et des devoirs. Ces deux propositions du député Eric Ciotti sont démagogiques et irresponsables. Comme le dit avec finesse Fadela Amara: « ce n’est pas la France que j’aime ».

L’Etat multiplie les catégories de français ou européens et donc les communautarismes. Il faut toujours trouver des boucs émissaires à nos difficultés en période de crise. » Cest toujours la faute à l’autre » comme le dit très justement Fanny Ardant.

Et voilà qu’on nous sort cette énorme farce du « sondage » (par Internet), publié dans le Figaro:  les Français seraient atteints du virus de la xénophobie et seraient favorables aux « mesures » sarkoziennes. Difficile de le croire.

« Il y a quelque chose de pourri en République française… »

Publié dans Société | Un commentaire

Quand les abeilles inspirent les économistes (et les politiques)

En cette période de crise économique, le rôle de pollinisation des abeilles sert à certains économistes de métaphore. Yann Moulier-Boutang défend une transformation en profondeur de l’économie politique, fondée sur l’idée de la « société pollen ».  Cette analyse a été exploitée par Cohn-Bendit, avec succès.

« Il y a donc une certaine logique dans le fait qu’en cette époque de crise du modèle économique, les abeilles redeviennent des exemples. »

La cigale, la fourmi, les abeilles et Cohn-Bendit

Et si Dany le Rouge avait remporté les européennes parce qu’il a tout compris à la pollinisation ?

11.06.2009 | Josep Maria Ruiz Simón | La Vanguardia

Saint Augustin disait qu’un bon exemple est plus instructif qu’un discours subtil. Cette façon de voir les choses a favorisé dans la littérature universelle une abondance de fables édifiantes ayant pour héros des insectes et autres animaux, qui éclairent sur les secrets de l’économie politique. L’une des plus célèbres de ces fables est La Cigale et la Fourmi, attribuée à Esope et reprise, entre autres, par La Fontaine. De nombreuses générations ont assimilé en l’écoutant les vertus de l’épargne et y ont appris que le labeur est récompensé et la paresse, punie. A l’époque où La Fontaine composait sa version de la fable, les abeilles à miel étaient devenues le modèle même de la productivité idéale. On peut les voir dans ce rôle dans le Novum Organum, de Francis Bacon [philosophe britannique du xviie siècle] et dans La Bataille des livres, de Jonathan Swift [l’écrivain et satiriste anglo-irlandais du xviiie siècle]. Dans le premier de ces ouvrages, Bacon présente la stratégie de production des abeilles comme la synthèse parfaite de celles de la fourmi et de l’araignée. Dans le second, Swift explique que les abeilles extraient de la nature la matière première du miel qu’elles élaborent, comme les auteurs anciens qu’il encense, alors que les araignées, à l’instar des auteurs modernes, contre lesquels il ferraille, tissent leur toile avec leurs propres excréments.

Il y a donc une certaine logique dans le fait qu’en cette époque de crise du modèle économique, les abeilles redeviennent des exemples. A cette différence près que ce ne sont pas les productrices [besogneuses et disciplinées] de miel qui reviennent en grâce mais les pollinisatrices. Une facette de leur activité négligée par les fabulistes et qui entre dans la catégorie de ce que les économistes appellent les « externalités positives ». On peut les trouver dans ce nouveau rôle dans un livre publié par Daniel Cohn-Bendit dans le cadre de sa campagne réussie pour les élections européennes, intitulé Que faire ? Petit traité d’imagination politique à l’usage des Européens. Il y défend une transformation en profondeur de l’économie politique fondée sur l’idée de la « société pollen », promue par l’économiste Yann Moulier-Boutang. Ils partent du constat que, même si les abeilles fabriquent un produit commercialisable qui fait vivre l’apiculteur, leur travail le plus utile du point de vue économique et social est la pollinisation. Il s’agit d’une analyse fabuleuse qui mérite d’être méditée, et qui attend l’arrivée d’un La Fontaine écolo pour imaginer une fable de l’abeille et de l’apiculteur.

L’Abeille et l’Économiste, par Yann Moulier-Boutang

Présentation sur le site de l’éditeur (extraits)

(c) E.Bilal

(c) E.Bilal

Pour nombre de nos contemporains, la finance est devenue scandaleuse, voire délictueuse. Dans le dictionnaire des idées reçues de notre temps, elle est immanquablement opposée à l’économie dite « réelle », industrielle ou marchande.
Yann Moulier Boutang prend le contre-pied de cette vue de l’esprit : sans finance, pas d’économie, avance-t-il ; en revanche, la finance ne mène pas forcément au chaos. Voyons la crise sous un autre angle que la doxa des économistes à la mode : la crise n’est pas économique, c’est une crise de l’économie ; ce n’est pas une crise de la finance mais une crise de la croissance. L’accumulation de profits s’approche du moment où elle n’a désormais plus de sens ni de légitimité. Nous sommes en train de passer d’une économie de l’échange et de la production à une économie de pollinisation et de contribution.
D’ou ce titre : L’Abeille et l’Économiste. Sans les abeilles, la biosphère dépérirait : pas à cause de la disparition du miel mais à cause de la disparition de la pollinisation. La pollinisation, c’est ce travail invisible et indispensable ― travailler en rhizome, bâtir des réseaux pour créer des ressources naturelles et vivantes ― qui fait que la nature peut se renouveler et que tout le monde y trouve son compte.
Les hommes doivent faire du miel, certes, mais aussi polliniser.

Lecture de « L’abeille et l’économiste »

Par Jean Zin (extraits)

C’est un livre important et très étonnant, surtout dans le contexte actuel, en ce qu’il commence par célébrer le triomphe de la finance, contre l’évidence du présent désastre, mais l’insistance sur sa fabuleuse puissance de création de richesses dans une économie cognitive lui permet de conclure, dans les dernières pages, que c’est donc la finance qu’il faut taxer. La taxation de toutes les transactions bancaires est ici le coeur de la sortie de crise pour le capitalisme cognitif, couplé avec un revenu d’existence, revenu minimum qui peut se cumuler avec un travail. A cela, il faudrait joindre une comptabilité écologique des externalités et une relative extinction de l’Etat qui laisse la plus grande part aux marchés et aux ONG…

Publié dans Développement Durable, Economie, Société | Marqué avec , , | Commentaires fermés sur Quand les abeilles inspirent les économistes (et les politiques)

Hadopi: secret honteux ?

Numérama a récupéré le document de spécifications du dispositif de « sécurisation » de l’Hadopi, ou « riguidelware ». Pendant les vacances d’été, la mise en place des dispositifs de surveillance de tous les citoyens se poursuit (la main basse sur les médias aussi, voir Radio-France et  Le Monde).

Je n’ai pas lu l’intégralité de ce document, en version pdf à la fin de cet article, mais la présentation laisse craindre le pire.

Votre connexion et votre ordinateur vont être « fliqués ». Les logiciels que vous avez installés seront identifiés, vos accès, votre configuration réseau seront inspectés. Même s’il figure dans le texte qu’il n’y a pas d’enregistrement des sites visités, les informations seront cryptées et le logiciel de « sécurisation » remis à jour sans contrôle de l’utilisateur. On se souvient des prélèvements ADN, institués pour ficher les délinquants sexuels les plus dangereux, et qui sont maintenant utilisés pour ficher les personnes participants à une manifestation.

Les utilisations « pair à pair » seront remises en cause, elles qui correspondent à l’essence-même d’Internet (à l’opposé d’un mode « diffusion » ou « interrogation » comme la mode télévision, même « interactive », ou le minitel):

  • Élément 1 : Observation en temps réel et sans enregistrement des flux et protocoles qui transitent par l’accès ; sur la base de l’observation et de la politique de sécurité choisie, une ou plusieurs des actions techniques suivantes peuvent s’appliquer : laisser faire ou bloquer (selon des critères définis dans le présent document, et qui incluent notamment le type de flux ou protocoles, selon le protocole applicatif, des listes1, des caractéristiques de formats, de débits, de volumes, des
    profils d’utilisateurs, des plages horaires).
  • Élément 2 : Analyse optionnelle de la gestion de configuration informatique (ex : analyse statique de la configuration de postes informatiques ; logiciels installés), analyse statique de la configuration réseau (ex : analyse de la configuration routeur /boîtier ADSL) ; analyse dynamique des logiciels en  fonctionnement, et contrôle des utilisations par le titulaire de la connexion.
  • Élément 3 : Affichage de notifications et d’alertes pédagogiques (ex : « Vous allez téléchargez un fichier en utilisant le protocole pair à pair « nom du protocole » : voulez-vous continuer ? »).
  • Élément 4 : Double journalisation (version normale en clair et version sécurisée ; les deux versions sont identiques, sauf si la version en clair est manipulée) des événements significatifs (ex : éléments de la vie interne du moyen de sécurisation : démarrage, arrêt, activation, désactivation, modification des profils de sécurité, etc. ;

Une évolution vers les télécrans de Big Brother ?

Voici l’article de Numérama.

Le document secret de l’Hadopi sur les moyens de sécurisation (source NUMERAMA)

Société 2.0 –

Malgré l’interdiction faite par l’Hadopi, et en vertu du droit à l’information, Numerama diffuse le document de consultation relatif au projet de spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation. On peut donc, enfin, parler de consultation publique.

Malgré notre demande renouvelée hier, sur le fondement de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 qui organise le droit d’accès aux documents administratifs, la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) ne nous a pas transmis « le document relatif au Projet de spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation ». Alors qu’il est la base d’une « consultation publique », l’Hadopi estime qu’il s’agit là d’un document secret, de caractère préparatoire. Une situation inédite qui révèle tout l’inconfort de la Haute Autorité face aux moyens de sécurisation, qui sont pourtant la clé de voute de la riposte graduée.

Cependant, plusieurs sources qui ont eu communication du document, parce qu’elles répondent aux critères professionnels définis par la Haute Autorité, nous l’ont transmis. En application de la loi de 1978 et par application du droit à l’information, nous le diffusons ci-dessous malgré la notice « Confidentiel – à ne pas diffuser » qui apparaît sur l’ensemble des 36 pages du document. S’il le faut, nous défendrons en justice ce droit d’information du public.

Le document, pourtant, ne dit presque rien que l’on ne savait déjà des objectifs des moyens de sécurisation. Autonomes ou intégrés dans des suites d’antivirus ou de logiciels parentaux, ils devront analyser les flux et les protocoles et bloquer ou avertir l’utilisateur de trafics « suspects », analyser la configuration informatique de l’utilisateur (notamment ses logiciels de P2P installés, l’utilisation d’un réseau WiFi ouvert…) pour prévenir des risques, et enregistrer les évènements du logiciel dans un double journal, dont l’un sera chiffré pour empêcher sa modification par l’utilisateur. C’est ce journal, déchiffrable à l’aide d’une clé publique fournie à un « tiers de confiance », qui sera transmis à l’Hadopi pour démontrer que le moyen de sécurisation était actif au moment du téléchargement illégal supposé.

Parmi les contraintes, le document note que les moyens doivent avoir un faible impact sur les performances des machines, être simples d’utilisation et d’installation, être réalisables sous forme de logiciels libres et pour des OS libres, et ne pas transmettre d’informations à des tiers, sauf la clé de déchiffrage du journal. Il sera par ailleurs interdit, et c’est une bonne nouvelle, d’enregistrer un historique de navigation ou de téléchargement.

Parmi les éléments importants, les moyens de sécurisation devront pouvoir être mis à jour automatiquement, notamment pour la récupération des « listes noires, grises ou blanches ». « Il existe plusieurs sortes de listes, par exemple liste noire des sites web interdits par décision de justice, la liste grise des applications suspectes, la liste grise des mots-clés suspects, la liste blanche de l’offre légale. Ces listes peuvent être aussi relatives à des ports TCP, à d’autres entités informatiques« , détaille le document réalisé par le professeur Michel Riguidel, qui montre clairement une volonté d’utiliser le logiciel de l’Hadopi à des fins de filtrage.

Le seul passage véritablement stratégique que nous avons décelé qui pourrait justifier la volonté de secret de l’Hadopi est le suivant, qui fait craindre le pire pour les années futures : « pour le moment le parc des boitiers ADSL est très hétérogène, et les boitiers sont dimensionnés de telle manière qu’il est difficile de loger des applications supplémentaires dans ces boitiers. Pourtant, on peut réfléchir à ces solutions pour les futures générations de boitiers, dans le cadre du renouvellement général du parc« .

Contacté par Numerama, le porte-parole de la Quadrature du Net Jérémie Zimmermann juge que « ces specifications délirantes (un super-firewall-antivirus-huissier inviolable tout en un !) illustrent la logique de contrôle des utilisateurs et du Net, parfaitement illusoire, que sous-tend l’HADOPI« . « Il est en soi inquiétant que le gouvernement puisse serieusement envisager ces fonctions de journalisation, enregistrant les moindres faits et gestes des utilisateurs, voire d’étendre le dispositif à toutes les futures « box ». Au dela de ce fantasme sécuritaire, il y a gros à parier que si un tel logiciel voit le jour (ce qui est loin d’etre certain !), il sera contourné et exploité de 15 façons« .

« Il est obcène que l’argent du contribuable soit ainsi utilisé pour se livrer à des expériences de savant fou, dangereuses et vouées à l’échec« , condamne-t-il.

hadopi-specsfonct-securisation.pdf

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

Infoceania.org, Big Brother vous regarde

http://www.dailymotion.com/video/x73k5p

Edit: 01/08/2010

Un très bon article à signaler sur ReadWriteWeb, très argumenté sur le sujet:

Le cahier des charges du spyware Hadopi fuité en à peine deux jours

HADOPI : une consultation publique confidentielle

Publié dans Internet, Libertés | Marqué avec , , , | Un commentaire

Rambouillet: réglements de comptes à O.K Corral

La majorité des observateurs est persuadée que la présence d’un candidat néo-centriste à la législative partielle de Rambouillet n’a eu aucune influence sur le résultat final du vote.

Mais pour l’UMP, il faut bien trouver un bouc émissaire. Car selon la doxa UMPiste, rien dans la politique du gouvernement, ni dans l’attitude de Nicolas Sarkozy ne pourrait justifier une désaffection des électeurs. Le candidat UMP a donc été frappé dans le dos par le Nouveau Centre. CQFD.

Mais en plus, le Nouveau Centre se lâche contre son candidat:

Nous avons accordé notre investiture à Poisson, tout le monde le sait très bien, explique-t-on chez Morin. Finck s’est présenté en dissident et sera sanctionné comme tel.

Ne tirez-pas sur le lampiste!

La législative perdue de Rambouillet est prétexte à une sévère explication.

La défaite de la majorité à la partielle de Rambouillet dimanche se transforme en règlement de comptes. Au lendemain de l’élection de la Verte Anny Poursinoff dans l’ancienne circonscription de Christine Boutin, le secrétaire général de l’UMP Xavier Bertrand a ouvert le feu contre le Nouveau Centre.

Objet de son ire? La candidature au premier tour du président de la fédération centriste des Yvelines, Michel Finck. «Il y a toujours une prime en politique au camp qui est le plus uni, a assuré Xavier Bertrand au micro de RTL. Cette fois-ci, au premier tour, nous n’étions pas les plus unis.» Selon lui, la défaite est notamment imputable à la «stratégie souhaitée par le Nouveau Centre de présenter des candidats séparés». «En politique, un plus un, ça ne fait jamais deux. Il y a eu des reports [de voix], mais pas totalement», déplore-t-il. «Ça doit servir de leçon à nos partenaires», estime, lui, le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre.

N’en jetez plus! Le patron des députés NC François Sauvadet a dénoncé mardi «les attaques en règle» essuyées par son parti. «Je trouve vraiment scandaleux qu’on essaie de nous refiler ainsi le mistigri, qu’on essaie de nous faire porter le chapeau d’une défaite annoncée!» tonne le Bourguignon qui rappelle qu’aux régionales «le PS avait déjà fait près de 51% dans la circonscription». D’autres prennent un malin plaisir à rappeler qu’en 2007 «Boutin frôlait l’élection au premier tour avec près de 49,5% des voix»: «Qui peut sans rire nous expliquer que si l’UMP fait aujourd’hui presque dix points de moins, c’est de la faute du Nouveau Centre?»

«Finck s’est présenté en dissident»

L’histoire se corse quand se pose la question de l’investiture accordée par le Nouveau Centre pour cette partielle. Sur le matériel de campagne de Michel Finck, on pouvait lire qu’il était le «candidat du Nouveau Centre». Mais sur celui de Jean-Frédéric Poisson, «candidat de la majorité présidentielle», on découvrait également le logo de la formation centriste. «Nous avons accordé notre investiture à Poisson, tout le monde le sait très bien, explique-t-on chez Morin. Finck s’est présenté en dissident et sera sanctionné comme tel.»

Mais sous les coups de boutoir de l’UMP, certaines langues ont commencé à se délier. «Nous avions entamé les contacts avec nos partenaires plusieurs semaines avant l’échéance, tant au niveau local qu’au niveau national auprès de Xavier Bertrand», explique un cadre centriste. «Sur la stratégie à suivre, Bertrand s’est longtemps montré hésitant. Et même pas du tout crispé à l’idée que l’on conduise notre propre candidature, ajoute-t-il. Finalement il a conclu que c’était à Poisson de trancher.» «Poisson a vraiment tardé à donner sa réponse, renchérit un élu UMP. Et quand il l’a donnée, il était trop tard. Finck était déjà parti.»

«Nous pouvons agonir nos amis du Nouveau Centre, l’essentiel n’est pas là, philosophe un membre du bureau politique de l’UMP. Face à la campagne nationale qu’ont menée les Verts et le PS en dépêchant Cécile Duflot et Martine Aubry sur place, nous aurions dû mener une campagne nationale. Poisson n’en a pas voulu, persuadé que le contexte ne s’y prêtait pas. Et je peux vous dire que ça a arrangé beaucoup de nos caciques de ne pas se mouiller dans une bataille que l’on savait perdue d’avance!»

«Bataille perdue d’avance» pour les uns, «chronique d’une défaite annoncée» pour les autres, voilà qui devrait mettre tout le monde d’accord. Pour François Sauvadet, c’est même là l’origine de l’affaire, «Christine Boutin n’avait qu’à conserver son siège de députée.» Et l’élu centriste rappelle une vieille règle politique: «la meilleure façon de ne pas perdre une élection, c’est de ne pas l’organiser».

http://www.dailymotion.com/video/xe17x1
Publié dans Yvelines | Marqué avec , , , | Commentaires fermés sur Rambouillet: réglements de comptes à O.K Corral

Hadopi: agent secret et logique combinatoire

Soutenez la Quadrature du Net

Hadopi veut imposer un dispositif de « sécurisation » aux abonnés à Internet.

  • Qui ne sera pas gratuit, c’est sûr.
  • Qui ne sera pas compatible avec tous les systèmes d’exploitation, sans doute.
  • Qui ne respectera pas la neutralité du net, c’est couru
  • Qui inspectera vos flux de données, c’est un risque non négligeable.

Ce « système de sécurisation » (qui devrait ressembler à un système « d’écoutes » à demeure) est vendu comme « protégeant le patrimoine de l’abonné« , dans la grande tradition de la LQR.

Ce dispositif a déjà été baptisé le « riguidelware », du nom de son promoteur, Michel Riguidel.

Mais ses spécifications doivent rester secrètes. La manière dont votre connexion est surveillée ne vous regarde pas, c’est le secret de Big Brother.  Un appel d’offres est lancé. Les entreprises autorisées à y répondre et donc à avoir accès au « texte de l’appel d’offre publique mais secret », ont tout le mois d’août pour y répondre. Ça planche sur les plages ! Et surtout, pour préserver la confidentialité « top-secret » des spécifications, le faire à l’ombre !

Sachant:

voici une nouvelle dîme prélevée à grande échelle sur les citoyens internautes, au bénéfice financier de groupes privés (comme tout le dispositif Hadopi).

En plus ce riguidelware procurera sans doute le moyen d’identifier et de pouvoir réduire au silence tout internaute mal-pensant (non suffisamment bricoleur). Le secret entourant les spécifications du dispositif laisse redouter cet « effet de bord ».

Devant le secret du dispositif Hadopi, nous avons le devoir d’être paranoïaques.

Voici l’article de Numérama, qui a mis la « puce à l’oreille »:

Hadopi : une consultation publique dont les questions sont secrètes

Alors qu’elle organise une soit-disante « consultation publique » sur les moyens de sécurisation que les abonnés devront installer pour lui échapper, l’Hadopi n’envoie le document sur lequel porte la consultation qu’à certains types de professionnels, après vérification de leur qualité. Et sous la condition qu’ils ne divulguent rien de ce que dit le document. Une situation inédite.

En début de semaine, l’Hadopi a fait connaître par communiqué de presse le lancement d’une « consultation publique sur les spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation« . Elle est basée sur un « document-projet » élaboré par le professeur Michel Riguidel, un expert émérite de la sécurité informatique, aujourd’hui retraité, qui nous avait confié que l’élaboration du cahier des charges des moyens de sécurisation pour Hadopi était « l’une des missions les plus difficiles » de sa carrière, tant les contraintes à prendre en compte sont énormes. La consultation publique doit pouvoir l’aider dans cette tâche, même si les réponses doivent être renvoyées le 10 septembre au plus tard, ce qui ne laisse pas beaucoup de temps notamment aux professionnels partis en vacances.

Mais pour pouvoir répondre aux questions, encore faut-il avoir accès aux questions et au document sur lequel porte la consultation publique. Nous nous étions étonnés que la consultation, dite « publique », ne fasse l’objet d’aucune publication. A part le communiqué de presse qui indiquait l’adresse e-mail où peut être demandée une copie du document (consultation-sfh@hadopi.net), absolument rien n’est organisé. A notre connaissance, c’est une première en matière de consultation publique.

L’Hadopi pense se conformer avec le minimum syndical à l’article L331-26 du code de la propriété intellectuelle, qui lui impose la « consultation des concepteurs de moyens de sécurisation destinés à prévenir l’utilisation illicite de l’accès à un service de communication au public en ligne, des personnes dont l’activité est d’offrir l’accès à un tel service, ainsi que des sociétés (de gestion collective) » avant d’arrêter la liste des fonctionnalités pertinentes des moyens de sécurisation. Elle prévenait donc dans son communiqué que seuls les professionnels concernés pouvaient demander l’accès au document.

En tant que société éditrice de Numerama, donc d’un service de communication au public en ligne, PressTIC a immédiatement demandé l’accès au document. Mais il faudra que l’on patiente. Tous les « candidats » se sont vus envoyer mercredi soir une demande de documents prouvant l’appartenance à l’une des catégories visées (dans notre cas un extrait KBis récent et une copie de nos statuts à jour, qui démontre que nous avons pour activité d’offrir l’accès à un service de communication au public en ligne). Nous sommes dans la lourdeur administrative la plus totale, à laquelle nous nous conformerons.

Cependant, l’Hadopi souhaite verrouiller la presse. « Une fois transmis ces éléments, nous vous ferons parvenir le document projet demandé, étant observé que tout destinataire de ce document est tenu à une obligation de confidentialité« , prévient ainsi la Haute Autorité.

Nous lui avons immédiatement renouvelé notre demande, mais en nous appuyant cette fois sur la loi qui organise le droit d’accès aux documents administratifs, et qui interdit donc d’en faire secret. L’Hadopi prétend que le document qui sert à la consultation est un document provisoire, et qu’il est donc exclu du champ des documents soumis à ce droit. Mais ça n’est pas notre avis, et lui avons fait savoir dans cette réponse :

Madame, Monsieur,

Je vous remercie de votre réponse.

Cependant, j’attire votre attention sur le fait qu’en vertu de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978, toute personne dispose d’un droit d’accès aux documents administratifs, et qu’il ne saurait y être fait exception par la Hadopi concernant le « document-projet » relatif aux spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation, qui malgré la dénomination que vous lui donnez n’est pas un document préparatoire au sens de l’article 2 de ladite loi.
Il s’agit en effet selon votre propre communiqué de presse du 26 juillet 2010 du document sur lequel porte la « consultation publique » ouverte jusqu’au 10 septembre, document « validé pour consultation » par le Collège de l’Hadopi pour la mise en oeuvre de la consultation imposée par l’article L 331-26 du code de la propriété intellectuelle. Dès lors, il ne pourrait être prétendu que le « document-projet » n’est pas un document achevé.

Si la faculté de répondre à la consultation est limitée aux catégories de personnes que vous énoncez fort justement, l’accès au document administratif sur lequel porte la consultation ne saurait en revanche leur être exclusivement réservé.

Pour cette raison, je vous renouvelle ma demande de communication du document, et fait copie de la présente correspondance à la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) qui notera le caractère urgent de la demande, compte tenu du délai très court laissé jusqu’au 10 septembre.

De façon complémentaire et pour nous ouvrir la possibilité de vous transmettre dans les délais les réponses à la consultation, je vous enverrai par ailleurs au plus vite les documents exigés.

Bien cordialement,

Guillaume Champeau
PressTIC SARL, éditeur de Numerama.com

Alors que toute la clé de voute de la loi Hadopi repose sur l’obligation de sécuriser son accès à Internet, il est pour le moins surprenant et selon nous scandaleux de vouloir ainsi garder dans la plus stricte confidentialité le processus d’élaboration des fonctionnalités pertinentes. Le secrétaire général de l’Hadopi Eric Walter avait jugé « un peu hypocrite » le débat sur les moyens de sécurisation, mais que dire de cette hypocrisie qui consiste à prétendre qu’un document est confidentiel alors qu’il sert de base à une consultation publique ?

La CADA a déjà tapé sur les doigts de l’Hadopi récemment, lorsque cette dernière avait refusé de communiquer le niveau de rémunération de son secrétaire général.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

Autres références

L’Hadopi ouvre sa consultation relative aux moyens de sécurisation

et, sur la fiabilité des systèmes de protection (WPA2: le nec plus ultra sur le Wi-Fi):

Faille critique dans la protection WPA2 des réseaux Wi-Fi

Publié dans Internet, Libertés | Marqué avec , , , , , | Commentaires fermés sur Hadopi: agent secret et logique combinatoire