Je butine, je butine, et j’oublie de ramener le pollen à la ruche (ce blog).
Mais voici que je lis que notre Daniel Cohn-Bendit veut promouvoir la « société des abeilles ». Un article de Libération, reprenant quelques pages de son livre, évoque son projet « Danny le Vert veut des «abeilles humaines» pour relancer l’économie« .
« Abeilles humaines ». Je me sens un peu visée, là. J’avais en tête depuis longtemps le titre de ce blog. J »y avais initialement renoncé, quand le Nouveau Centre avait créé sa « Ruche », qui semble maintenant désertée. Je viens de créer ce blog, et je ne vais pas laisser Cohn-Bendit faire une OPA sur le pollen. Ni sur l’écologie.
Après tout nous sommes le parti du Développement Durable, et tout se qui touche à cette thématique nous concerne. Mais dans l’article, pas un regard vers le Mouvement Démocrate, je crois qu’ils se sont donné le mot pour le « black-out » du Modem. Et des mauvaises langues prétendent que ce cher Daniel ne dédaigne pas les déjeuners avec Nicolas.
Quelques commentaires sur l’article:
« Au fil des semaines, la plupart des mesures annoncées lors du Grenelle se voient, en effet, vidées de presque toute leur substance. »
A propos du « verdissage », Corinne Lepage a déjà largement contribué sur la question du Grenelle de l’Environnement, et commenté un certains nombre de mesures du gouvernement actuel, en contradiction avec une politique de Développement Durable.
« La crise dans laquelle nous venons d’entrer sera longue, car elle est profonde et globale. »
Diagnostic: d’accord. Mais je préfère les réflexions de Jean Peyrelavade, un peu plus construites et étayées. Enfin, je les comprends mieux, c’est davantage à la portée de mon intelligence.
« Je crois même qu’il y a aujourd’hui un risque très sérieux de voir se propager dans le monde une forme de capitalisme autoritaire où les principes du marché se marieraient sans scrupule avec la privation des libertés civiles les plus fondamentales »
Nous n’y sommes sans doute pas encore. Il y a cependant une histoire de grenouille que l’on plonge dans l’eau froide, pour la faire bouillir. Si on la plonge dans l’eau chaude, elle s’échappe. Là, elle s’endort.
Nous devons être des Vigilants. Pour cela, il est nécessaire de définir des principes, des « indicateurs » et des « lignes jaunes » pour protéger notre démocratie. Nous devons également nous donner les moyens pour « alerter » les citoyens.
« nous avons besoin d’investissements massifs dans l’éducation et dans la recherche, mais aussi dans la formation et la reconversion des personnes qu’une telle réorientation de l’économie ne manque pas de nécessiter. »
Éducation, recherche: sont aussi des priorités pour nous. Mais l’investissement n’est pas que financier. La valorisation de la recherche et de l’enseignement doit d’abord être dans les esprits (voir la considération portée aux enseignants et aux chercheurs par le pouvoir actuel). Personne n’évoque la responsabilité du monde économique dans la faiblesse de la R&D privée (Recherche-Développement). Quelles sont les mesures qui pourraient susciter les investissements dans ce domaine (et pas externalisés, ni off-shore)?
« «L’abeille représente une remarquable métaphore de ce que nous vivons aujourd’hui, car c’est la circulation des abeilles qui en fait la valeur. Dans cette perspective, une nouvelle écologie/économie politique s’intéressera surtout à la pollinisation qui représente entre 350 et 1000 fois plus que la valeur de l’économie marchande traditionnelle. Car l’économie s’est transformée aussi, au sens où les interactions sont devenues le cœur des activités. La plupart des choses se passent désormais dans la circulation – et non plus dans la production ou la consommation qui accompagne la production. «
Je lui laisse la responsabilité des chiffres. Cela touche à « l’économie de l’immatériel », en lien avec « l’économie du savoir ». La circulation de l’information permet d’interagir et de se « mettre en réseau » (pour les entreprises aussi). Mais attention au leurre de « l »économie virtuelle ». Nous restons des humains soumis à des besoins matériels, et il est nécessaire de produire des biens physiques. N’oublions donc pas nos champs et nos usines. Nous restons soumis à la règle production-circulation-consommation. N’en déplaise à DCB.
D’autres ont analysé les liens entre informatisation et crise: Comprendre la crise.
Pour les aspects « économie de l’information », encore faut-il se donner les moyens, et donc maîtriser les outils qui permettent la circulation et l’exploitation des informations en réseau. Or les pays européens, et la France en premier, avaient semblé abandonner toute velléité d’investissement dans les matériels et logiciels d’infrastructure. Nous devenions « consommateurs » et non plus « producteurs » de savoir-faire technologique. A l’aube de « l’année européenne de l’innovation et de la créativité », il semble que l’Europe réagisse par des investissements.
« Les abeilles humaines doivent avoir les moyens d’accomplir leurs tâches de pollinisation. Ce qui suppose à terme de réfléchir à la mutation en profondeur de nos systèmes de protection sociale.../…Ce modèle social doit évoluer vers une autre forme de redistribution, dissociée de la richesse produite par la production matérielle …/… Le revenu d’existence correspond à la reconnaissance de ce principe fondamental d’organisation de la société en tant que collectivité. Et il rétribue la contribution de chacun à la pollinisation. Idéalement, il devrait donc être attribué de façon inconditionnelle et même être cumulatif avec l’exercice d’un travail rémunéré.«
Là, je commence à devenir sceptique, avec ce « Revenu Minimal d’Existence ». J’ai un peu de mal avec une notion d’Etat (ou de collectivité) qui prend en charge les citoyens. Un zeste d’individualisme sans doute. Et puis, j’aime bien l’acte gratuit, pur, sans arrière-pensée. Même pas de contribution consciente à la collectivité.
« Dans l’économie de la “société pollen”, la richesse est constituée par le lien social et les transactions dont il résulte et qui l’animent.../…L’impôt intelligent devrait donc frapper la circulation – et non pas la consommation.
L’idéal serait donc de taxer l’ensemble des transactions, même les plus insignifiantes comme celles qui passent par les retraits aux distributeurs de billets. Si à chaque transaction on prélevait, disons, 0,01% indistinctement, qu’elle se fasse au distributeur ou sur un compte boursier (7 milliards de transactions par jour), grâce à l’informatisation, le prélèvement serait immédiat et direct… et surtout suffisant pour assurer le budget de l’Etat français sans recourir à aucun autre impôt. »
Là, on passe aux postulats. Qu’est-ce que la richesse dans cette assertion?
Une taxe « Tobin » intérieure ? De quoi « liquidifier » les échanges.
Une taxe sur les appels téléphoniques? Et les forfaits? Et il y a déjà une TVA sur les factures téléphones et autres. Elle s’applique partout (pour la grande distribution, le modèle économique repose sur du crédit gratuit imposé aux fournisseurs, qui n’ont pas vocation à en fournir, c’est peut-être cela qui est un point à revoir).
J’abandonne les commentaires sur la suite du texte. Plus question d’abeilles. Des choses intéressantes, mais aussi des raccourcis et des a-priori. Sur l’Europe, l’Euro et la gestion de la crise, nous avons déjà des analyses et des propositions au Modem.
Pour conclure, la métaphore doit être manipulée avec précaution. Il ne faut pas faire dire n’importe quoi aux abeilles et à la « société des abeilles ». Risques de dérapages. Surtout quand on y superpose la thématique de « l’économie virtuelle ». Attention, ça pique!