États Généraux de l’Europe III : le samedi 17 avril 2010 à Strasbourg

Information récupérée sur le site du Taurillon

à l’occasion du 60ème anniversaire de la déclaration Schuman

SAMEDI 17 avril 2010 à Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
De 9h00 à 19h00, entrée libre et gratuite
Un rendez-vous exceptionnel ouvert à tous
L’Allemagne à l’honneur

États Généraux de l’Europe III : le samedi 17 avril 2010 à Strasbourg

Venez échanger, écouter et proposer vos idées pour l’avenir du projet européen le samedi 17 avril 2010 à Strasbourg ! Venez découvrir l’Europe dans sa diversité et sa vivacité à travers le Café littéraire, un Village européen de plus de 80 stands, les expositions, la simulation du Parlement européen pour les 16-23 ans, les jeux pour enfants, les concerts et les films.

Les États Généraux de l’Europe (EGE) donnent rendez-vous aux citoyens européens : ils offrent un lieu de débats accessible au grand public sur l’Europe, ses enjeux et son avenir. Une programmation culturelle et sportive ainsi que des activités divertissantes complètent les 18 ateliers-débats et donnent ainsi l’occasion à toutes les générations de s’exprimer ! Ils sont organisés à l’initiative de la société civile, en toute indépendance dans une approche pluraliste et participative.

Pilotés depuis 2007 par 3 associations : EuropaNova, le Mouvement Européen-France et Notre Europe, plus de 80 organismes (associations, ONG, thinks tanks, syndicats, entreprises et médias) ont déjà pris part à l’organisation des Etats Généraux de l’Europe lors des deux précédentes éditions. Ils se réalisent en coopération avec les institutions européennes, nationales et locales.

Après les réussites de Lille et de Lyon qui ont chacune rassemblé 4000 – 5000 participants, les organisateurs ont décidé de renouveler l’expérience en 2010. Dans le contexte des 60 ans de la déclaration Schuman et des nouvelles mandatures de la Commission et du Parlement européens, les Etats Généraux de l’Europe III se dérouleront le samedi 17 avril 2010 à Strasbourg autour du thème :

« L’Europe : un héritage, quelles responsabilités ? »

Le pays invité d’honneur de ces troisièmes États Généraux sera l’Allemagne.

Lors des deux premières éditions, plus de 120 intervenants ont déjà participé, dont de nombreuses personnalités politiques, économiques, syndicales ; intellectuels et militants associatifs.

Le programme est disponible sur le site officiel des EGE : http://www.etatsgeneraux-europe.eu

Les inscriptions SONT OUVERTES

L’inscription aux États Généraux de l’Europe 2010 est gratuite, mais pour des raisons d’organisation, il est préférable de vous inscrire via le formulaire disponible sur http://www.etatsgeneraux-europe.eu/…

Retrouvez les États Généraux de l’Europe également sur : Facebook http://www.facebook.com/pages/Les-E… Twitter http://twitter.com/EG_Europe

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Acta: Modem et résolution du Parlement Européen

Dans le dernier numéro de la lettre d’information de Marielle de Sarnez,  « Votre Europe – Ile de France », j’ai lu cette information concernant le vote de la résolution du parlement Européen au sujet d’ACTA, que j’ai évoqué dans des billets précédents (1)

ACTA : vers une plus grande transparence sur l’accord commercial anti-contrefaçon en cours de négociation.

En votant en faveur de la résolution commune sur la transparence et l’état d’avancement des négociations ACTA (accord commercial anti-contrefaçon), Marielle de Sarnez et Jean-Luc Bennahmias députés européens, Mouvement Démocrate – ADLE, réclament une plus grande transparence sur l’accord commercial anti-contrefaçon en cours de négociation.
L’accord commercial anti-contrefaçon est une proposition de traité international concernant les droits de la propriété intellectuelle, la lutte contre les produits contrefaits et les échanges illicites de fichiers numériques sans autorisation des ayants-droit.
Ce traité, en élaboration depuis 2006 implique l’Australie, le Canada, la Corée du Sud, les Émirats arabes unis, les États-Unis, le Japon, la Jordanie, le Maroc, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, Singapour, la Suisse et l’Union européenne.

Malgré le traité de Lisbonne, et la codécision sur le commerce international, la Commission européenne et les États membres empêchent la tenue d’un débat public sur le sujet. Ce manque de transparence, provoque outre de l’inquiétude, une réelle suspicion. Celle-ci ne peut être atténuée que par la tenue d’une consultation publique et du Parlement européen.
Si la lutte anti-contrefaçon est légitime et nécessaire, le traité ACTA renforcerait ainsi le pouvoir du droit d’auteur et du copyright.
Doit-on laisser les fournisseurs d’accès à internet contrôler les échanges de fichiers numériques et instaurer des sanctions contre les utilisateurs, telles que les coupures de l’accès internet ? Le coût de cette surveillance serait exorbitant pour les fournisseurs d’accès et les vérifications compliquées.
De plus, le piratage sur internet n’est pas encore défini comme un délit, ni en droit européen, ni en droit international. Ainsi, une logique de sanction systématique à si grande échelle n’est pas légitime, d’autant que l’accès à internet, au nom du droit à l’information est, et reste une liberté fondamentale.
Il est temps que la Commission européenne mette à dis-position du Parlement un document reprenant les négociations, pour ainsi connaitre toutes les positions en cours de discussion. Dans le cas contraire, le Parlement pour-rait, comme pour l’accord SWIFT en février dernier, rejeter ce texte négocié en secret.
Retrouvez la résolution du Parlement européen.

(1)Billets précédents sur ACTA

Propriété intellectuelle et crise économique : l’oeuf ou la poule ?,

Internet, libertés et société,

Web 2.0 Versus Control 2.0.

ACTA: Les députés européens s’y opposent massivement

Aidez les eurodéputés à s’opposer à ACTA

La France aurait exigé le secret sur l’ACTA et la riposte graduée

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Des convergences fortes entre les discours de Martine Aubry, de François Bayrou et de Dominique de Villepin

Marie-Anne Kraft m’a autorisée à reprendre son article, qui fait suite à une interview de Martine Aubry sur Médiapart ( La gauche que veut Martine Aubry) et aux récents positionnements de Dominique de Villepin.

L’accès à l’article de Médiapart étant réservé aux abonnés, j’ajoute une vidéo de cet entretien pour éclairer la réflexion de Marie-Anne.

http://www.dailymotion.com/video/xcshdz

Des convergences fortes entre les discours de Martine Aubry, de François Bayrou et de Dominique de Villepin

03 Avril 2010 Par Marie-Anne Kraft

Je retrouve dans ce discours de Martine Aubry les valeurs et les propositions du Mouvement Démocrate (cf le projet humaniste). Tant sur la lutte contre les abus et la concentration de pouvoir, pour l’indépendance du parquet, contre les inégalités, contre la financiarisation de l’économie et remettre la finance au service de l’économie réelle, pour une forte régulation des marchés et pour la séparation des banques d’affaires et banques de dépôts (Bayrou a été le premier à le proposer), pour un fonds d’intervention public, pouvant accompagner les PME ou soutenir l’innovation, pour plus de décentralisation, pour l’égalité des chances, pour la souplesse dans le temps de travail au cours de sa vie, pour donner plus de pouvoir et plus d’importance aux corps intermédiaires (syndicats, associations, représentants des professions,…) et au débat public, laisser plus de liberté à la société pour développer l’innovation et la création,…

Bref « porter un autre modèle de société: un autre modèle de développement, économique, social et durable, mais aussi un autre rapport des individus entre eux et avec le collectif », « Une évolution fondamentale est le passage du matérialisme et du «tout-avoir» à une société du bien-être.  » et « Donner un vrai poids aux collectivités territoriales dans leur action de proximité et dans leur autonomie » : c’est exactement ce que disait déjà François Bayrou.

Parfois j’ai même l’impression que François Bayrou est plus « à gauche » que Martine Aubry, dans la mesure où il est plus « radical », c’est à dire prend plus le mal à la racine, concernant le fonctionnement de la société, la manière de garantir les contrepouvoirs et l’égalité des chances, une régulation préventive (empêcher la spéculation financière, les paradis fiscaux, les hedge funds, encadrer fermement les stocks options et les rémunérations des dirigeants,…) avant même la régulation corrective (par la redistribution fiscale par exemple). Non seulement le PS n’a plus d’idéologie « socialiste », ne parle plus de nationalisations ni même de services publics gérés par l’Etat, mais il laisse le marché faire sa loi et régule ensuite par redistribution les inégalités qu’il a engendrées. C’est comme si on laissait polluer l’environnement puis taxait les pollueurs pour dédommager les victimes au lieu d’empêcher la pollution a priori. On laisse se dégager les mauvaises odeurs et on met du désodorisant …

Il y a une grande convergence entre les discours de Martine Aubry, de François Bayrou et même de Dominique de Villepin qui récemment a repris aussi exactement le même contenu que François Bayrou sur l’équilibre des pouvoirs et les institutions, sur la justice sociale et la suppression du bouclier fiscal, sur la réduction des déficits, sur l’innovation. En revanche on peut s’interroger sur certaines divergences entre le PS, le Front de Gauche et Les Verts, sur le rôle de l’Etat et des services publics, sur le nucléaire, sur la croissance/décroissance sur les retraites,…

Il y a à mon sens un décalage entre la représentation que l’on donne des alliances politiques d’apparence et les vrais accords de fond des partis sur le modèle de société. D’ici les élections présidentielles, il s’agira de bien considérer le fond, le projet de société, le modèle de société, plutôt que les discours d’apparence sur « la gauche » et « la droite » et les alliances de circonstances, la petite cuisine politicienne et le marchandage aux postes.

Et si François Bayrou avait raison ? Si les Français préféraient un centre démocrate, juste socialement et humaniste, qui aille de D. de Villepin au PS en passant par F.Bayrou, plutôt qu’une « droite » et une « gauche » dépassées ?

En complément:

Médiapart publie un numéro trimestriel papier consacré aux propositions de la « gauche ». Il peut être acheté en ligne ici

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Darcos à Versailles ???

La nomination de Xavier Darcos est évoquée dans plusieurs médias. Et c’est peu de dire que cela paraitrait comme le « fait du prince ».

Nulle compétence n’est reconnue dans ce domaine à l’ancien ministre. Même un site d’amateurs d’art dénonce « ces pratiques de république bananière qui ne cessent de se multiplier« . En voici un extrait.

Xavier Darcos à Versailles : poisson d’avril ?

« Lorsque la rumeur de la nomination de Xavier Darcos à Versailles a commencé à circuler, beaucoup ont jeté un œil au calendrier pour vérifier si avril n’arrivait pas plus tôt cette année… La réalité menace parfois de dépasser la fiction puisque nous avions déjà songé à un poisson d’avril du genre « Rachida Dati nommée à la tête du Louvre ».

Plus sérieusement, que l’on songe à offrir un tel poste à un ministre privé de son portefeuille, qui n’a jamais même montré, en tout cas publiquement, le moindre intérêt pour les musées et le patrimoine, prouve le degré de déliquescence de notre démocratie. La nomination d’énarques à la direction de musées, que nous dénonçons régulièrement, est déjà une pratique particulièrement condamnable ; au moins les personnes concernées avaient-elles en général déjà travaillé dans ce milieu au ministère de la Culture. Incontestablement, un nouveau pas dans cette dérive permanente semble sur le point d’être franchi.
Dans un monde idéal, jamais Jean-Jacques Aillagon n’aurait été nommé, et Versailles serait confié à un scientifique, pas à un politique. Mais son bilan n’a rien de déshonorant, surtout comparé à celui de Christine Albanel qui l’a précédé.
 »

Suite…

La façade ouest du château vue des jardins

La façade ouest du château vue des jardins

En complément:

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Télévision: enquête sur la censure

Le Mouvement Démocrate s’est parfois senti maltraité par les médias. Réciproquement, des journalistes se sont plaints d’être villipendés. Aussi semble-t-il intéressant de regarder le contexte dans lequel les médias fonctionnent. Et de comprendre pourquoi certains sujets sont évités, ce qui est un risque pour l’information du citoyen, et donc, pour la démocratie.

Dans son dernier numéro, Télérama a édité une enquête consacrée à la censure à la télévision. En France, pas en Chine.

Il ne s’agit plus de « coups de fil du Château », comme à l’époque du Général, pour interdire la publication d’une information. Ce serait trop dangereux à l’époque d’Internet. Chirac et Jospin y avaient déjà renoncé, par pragmatisme ou par conviction. En 2000, France 3 a ainsi diffusé la « cassette Méry », mettant en cause le Président de la République dans une affaire de financement occulte.

De nos jours, une révélation « étouffée » de manière frontale risquerait de ressurgir  sous forme d’une affaire faisant davantage de bruit.  Même Sarkozy ne s’y risque pas, bien qu’il se soit donné les moyens de mettre la pression sur les directeurs de chaînes publiques.

Non, c’est plus insidieux: « on pratique l’autocensure, par précaution. Pas question pour les chaînes de perdre des budgets publicitaires, surtout en période de crise… ni de se mettre à dos une icône médiatique. »

Car l’argent est devenu un problème pour les médias, qui ont perdu une part importante de leurs ressources publicitaires, « au point de voir leur rapport à l’information se fragiliser dangereusement. Mauvaise nouvelle pour la démocratie. On est mieux armé pour résister aux pressions de toute nature quand on dispose des moyens de dire non. »

« Désormais, tout se joue en coulisses. C’est une censure à bas bruit, invisible des téléspectateurs. Elle se pratique en amont, dans les bureaux des rédacteurs en chef ou des directions des chaînes. Elle est faite de tous les renoncements à s’attaquer à certains sujets gênants, des petites lâchetés qui font céder aux pressions dès qu’elles se font insistantes, d’une forme d’autocensure nourrie chez les journalistes du rappel régulier des contraintes économiques qui pèsent sur leur entreprise. Le sous-texte est clair : on ne touche pas aux gros annonceurs. »

Les chaînes privées ont leurs « zones grises », les sujets d’enquêtes à éviter par les journalistes.

Pour Canal +, il s’agira du football, du cinéma (j’ajouterais bien les libertés sur Internet, bien que ce ne soit pas signalé par Télérama).

Pour TF1 et M6, les gros annonceurs et les puissances politiques sont ménagés. Les enquêtes peuvent porter sur des « proies plus modestes ». Ainsi un reportage sur la restauration rapide pouvait s’intéresser aux restaurants et boulangeries de quartier, mais pas aux grands groupes: “Laisse tomber, McDo c’est des copains !”

Ainsi, selon que vous serez puissant ou misérable, la justice des médias vous déclarera innocent ou coupable. Autrement dit, il y aura, ou non, enquête: « A TF1, on s’est résigné depuis longtemps à ne plus faire d’investigation dans le champ politique et dans celui de l’entreprise ».

Mais la censure est d’abord dans les têtes: « Les choix éditoriaux ressemblent de plus en plus à des choix d’évitement comme si, de la base au sommet, la chaîne était paralysée par l’idée de déplaire au pouvoir. A tous les pouvoirs. »

A ses débuts, M6 s’était lancée dans l’investigation économique, n’hésitant pas à enquêter sur de « grandes entreprises », c’est à dire de « gros annonceurs ».  Les réactions de certains, qui ont réduit leurs achats d’espace publicitaire, ou ont fait pression sur la direction,  ont découragé les investigations des journalistes.

Ainsi, pour le directeur de l’information de M6, il est normal de traiter différemment les entreprises en fonction de leur importance: « Renault n’est pas le charcutier du coin de la rue ». Et les enquêtes « dérangeantes » sont expurgées.

Les actionnaires des chaînes privées sont intouchables. Chez TF1, c’est l’omerta sur le monde du BTP ou celui des opérateurs de télécommunications. Les enquêtes sur la gestion de l’eau ou le groupe de LVMH ont été jugées indésirables chez M6.

Un autre élément de censure est le juridisme, qui concerne essentiellement les chaînes privées. La peur d’un procès est telle que les services juridiques sont systématiquement consultés avant diffusion. Mais les juristes ont tendance à se couvrir, et donc de limiter les risques, quitte à faire respecter le droit au-delà du nécessaire, amplifiant l’autocensure des rédactions.

Pour les chaînes publiques, l’indépendance des producteurs et des journalistes est revendiquée et reconnue. S’il y a des tentatives de pression de la part de groupes concernés  par une émission d’investigation, elles ne parviennent pas sur les journalistes.

« La télévision publique use de sa liberté. On aimerait qu’elle en abuse. Pas encore assez d’enquêtes sur la finance et les grandes entreprises. De trop rares investigations politiques. Une critique culturelle étique, notamment concernant le cinéma« .

« Les chaînes publiques offrent, dans leurs magazines d’information, des enquêtes souvent sans complaisance menées en toute indépendance. Elles donnent ainsi la possibilité d’introduire un peu de sens et de compréhension au milieu du vacarme médiatique. Une chance pour le téléspectateur et un acquis à défendre. »

Pour aller plus loin :

Articles de Télérama: Actionnaires, annonceurs : le club des nouveaux censeurs, “Laisse tomber, McDo c’est des copains !”Faut pas chauffer Marcel

L’observatoire des médias

Acrimed

Arrêt sur Images

Sur « Les sentinelles de laRépublique »: La concentration des médias n’est pas démocratique ! Qui les possèdent et comment fonctionnent-ils ?

Pour le plaisir

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Propriété intellectuelle et crise économique : l’oeuf ou la poule ?

En complément de la vidéo de Françoise Benhamou, sur les économies pour le numérique, je reproduis ici un article « piraté » sur Numérama (CC). Les lobbyistes essaient d’imposer l’ACTA, avec des rapports de cabinets d’études à leurs ordres. Ainsi, d’après un rapport présenté à Bruxelles, le piratage sur Internet couterait 1,2 millions d’emplois en Europe d’ici 2012.

Propriété intellectuelle et crise économique : l’oeuf ou la poule ?

C’est un mal qui ronge l’économie de l’intérieur. Plutôt que de servir les entreprises, la propriété intellectuelle est devenue un indicateur quasi officiel de la bonne santé économique du monde. Les Etats se gargarisent régulièrement du nombre de leurs déposants de brevets qui augmente, ou du nombre de marques déposées qui progressent d’années en années. Chaque pays veut rivaliser avec l’autre, un classement annuel étant même publié par l’OMPI des pays champions du nombre de brevets internationaux déposés (la France s’est fait prendre sa cinquième place par la Chine l’an dernier). Idem pour les entreprises. En 2009, Panasonic s’est ainsi imposé comme le plus gros déposant de brevets avec 1891 demandes de droits exclusifs sur autant d’inventions présumées. Pardonnez du peu.

Près de la moitié des brevets déposés dans le monde appartiennent soit à des Américains, soit à des Japonais (on comprend, dès lors, que les Etats-Unis et le Japon mènent les négociations sur l’ACTA en prônant la position la plus dure). L’Allemagne à elle seule compte 10 % des demandes internationales de brevets l’an dernier, et la France 4,6 %.

L’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) est donc alarmée. En 2009, les demandes internationales de brevets ont reculé de 4,5 %. Une première depuis plus de 30 ans. En fait, une première depuis la mise en place de la procédure PCT qui facilite le dépôt des brevets à l’échelle internationale. De même, l’OMPI vient de dévoiler les chiffres sur les marques commerciales, qui montrent aussi un recul de 16 % des marques internationales déposées selon le système de Madrid.

Invariablement, l’OMPI estime que la baisse du nombre des dépôts de marques et brevets est la conséquence de la crise économique. L’économiste en chef de l’organisation, Carsten Fink, a ainsi expliqué que la chute du nombre de brevets déposés n’était « pas totalement surprenant étant donnée l’ampleur du ralentissement économique« . Jamais l’OMPI (qui est financée pour une grande partie par les annuités sur les brevets) ne s’interroge sur le fait que l’excès de propriété intellectuelle, largement amplifié depuis les années 1990, a pu être lui-même en partie responsable de la crise économique.

Or la question se pose. Nous l’avions posée fin 2008, au plus fort de la crise économique, et expliqué les raisons qui selon nous font de l’excès de propriété intellectuelle un facteur d’amplification de la crise :

Les brevets nourrissent en effet la bulle financière puisqu’ils sont valorisés sous forme de capital immatériel dans les bilans comptables des entreprises, qui servent de base pour évaluer la valeur d’un titre sur le marché. Plus une entreprise détient de brevets, plus elle donne l’illusion aux actionnaires d’avoir une assise, un actif à valoriser sur le marché. Les banques, y compris les organismes de financement public, prêtent bien plus volontiers leur argent (réel ou virtuel) aux entreprises qui peuvent présenter un ou plusieurs brevets comme garantie. Une  course aux brevets s’est donc mise en route, avec des valorisations capitalistiques totalement irréalistes d’entreprises rachetées seulement pour leur portefeuille de brevets. De plus en plus de sociétés d’investissement (des « patent trolls ») se sont même créées ces dernières années uniquement dans le but d’acheter et de revendre des brevets, sans activité inventive propre, en poursuivant en justice ceux qui ne payent pas les licences d’exploitation des brevets de leur portefeuille.

Selon les statistiques officielles de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle qui les recense depuis 1985, le nombre de demandes de brevets qui était resté stable dans les années 1980 et 1990, autour d’un million de demandes par an, a explosé à l’approche des années 2000 jusqu’à atteindre 1,76 million de dépôts en 2006. Le nombre de titres effectivement délivrés a lui progressé plus vite encore, passant de moins de 400.000 brevets délivrés par an dans les années 1985-1995 à 727.000 titres octroyés il y a deux ans. Les chiffres officiels pour les années 2007 et 2008 ne sont pas encore disponibles, mais ils seront encore à la hausse.

(…)

Les brevets, qui servent l’économie virtuelle, vont à l’encontre de l’économie réelle lorsqu’ils protègent de fausses inventions et dissuadent les entrepreneurs d’inventer, par crainte des représailles judiciaires ou des coûts financiers de la protection de leur invention. Ils servent les grandes entreprises qui profitent de la spéculation mais desservent les petites. Or pour qu’une forêt de grands arbres apparaisse, il faut que des petites pousses puissent grandir.

Même les employés de l’Office Européen des Brevets avaient éprouvé le besoin de faire grève il y a deux ans, pour dénoncer l’absurdité du système des brevets qui les oblige à crouler sous les demandes qui s’empilent, et qui place les agents sous une pression de plus en plus forte. Des millions de brevets déposés sont toujours en attente de validation. Il faut traiter un nombre toujours croissant de demandes de brevets, et les chercheurs chargés de vérifier leur validité n’ont plus le temps de le faire correctement. Ils sont contraints à octroyer des titres qui finissent, régulièrement, par être annulés devant les tribunaux au prix de procès très long et excessivement coûteux.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com

Autres articles, en complément:

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J.L Fontaine: le C.N doit démissionner

Je connais Jean-Louis, qui était un de nos candidats yvelinois pour les Européennes. J’ai eu l’occasion de discuter plusieurs fois avec lui, et, par amitié, je transmets sa lettre, précédemment publiée sur Le blog de Force Hyeres

« Très Chers Amis,

Comme vous je suis obligé de « subir » la situation interne du MoDem : doublement, puisque sous le coup d’une « suspension conservatoire ». Mon propos aujourd’hui n’est pas d’épiloguer sur les raisons de celle-ci, qui ne regarde que moi et la direction du mouvement. Cela d’autant plus que les résultats du 14 mars ont semblé me donner raison sur beaucoup de points.
Je me souviens qu’après pas mal d’années d’action politique, j’avais décidé d’arrêter. C’est en 2007, comme beaucoup, que la « tentation » a été grande et que je me suis engagé derrière François Bayrou entièrement conquis par son message.

Il n’a pas que des qualités, mais je le crois foncièrement honnête et sa démarche m’a remotivé…

Je crois que ce qui se passe aujourd’hui au MoDem nous montre les limites de la « démocratie participative », du moins telle que nous la voulons en interne, et que certains la pratiquent.

Je fais partie de ceux qui à La Grande Motte (avant, pendant  et après) ont défendu une ligne qui se voulait « mettre en conformité ses paroles et ses actes ». Nous proposions un accord avec le PS au premier tour des régionales, qui ne sont pas des élections nationales, de manière à montrer notre capacité de rassembler et à être « moteur » du changement. Si cela c’était fait, nous n’en serions pas là ! Nous serions toujours indépendants, mais avec des élus pour préparer 2012

Je me rappelle combien Marielle a été critiquée pour sa visite à Marseille ou Dijon chez Peillon, ou François Bayrou pour avoir envisagé des listes communes…

Il ne s’agissait pas de « vendre notre âme » que je sache : mais d’être cohérent

C’est le Conseil national qui a fait du « jusqu’auboutisme » !!  Des listes indépendantes, rien que des listes indépendantes !!! On voit le résultat

Je rappelle que cela a été voté à l’unanimité lors du CN d’octobre 2009 ! Le même CN qui demande des comptes à François Bayrou aujourd’hui ???

J’en parle d’autant plus librement que je n’en fais pas partie….. Mais je crois que la démocratie n’interdit pas de prendre ses responsabilités.

Beaucoup de ceux qui étaient les plus virulents pour demander des listes indépendantes sont démissionnaires du MoDem depuis bien avant les régionales (Ginisty, Duarte, etc.) et d’autres, très violents contre FB aujourd’hui, sont les mêmes à lui avoir imposé ces listes « indépendantes » à tout prix.

Je demande donc, pour rendre un peu crédible notre mouvement aux yeux des citoyens, que le Conseil national prenne ses responsabilités et qu’il démissionne en bloc, assumant ainsi ses choix. C’est le CN qui a choisi et voté à l’unanimité le choix stratégique qui a été fait. C’est le CN qui exigeait de François Bayrou qu’il « s’exécute » en obéissant à cette directive. Ce serait une belle leçon de démocratie que de remettre son mandat en jeu.

Je ne suis pas un « supporter » inconditionnel de François Bayrou : je crois qu’il ferait bien de reconsidérer son entourage direct, s’il ne veut pas aller dans le mur! Il y a une garde rapprochée qui, sous prétexte de « le protéger, », je pense, l’empêchent d’entendre les militants qui croient en lui.

Donc , mesdames et messieurs les membres du CN, assumez vos choix ! Quand une erreur collective a été commise, il faut se remettre en question. Ce serait tout à votre honneur que de démissionner collectivement et de vous représenter, si vous le souhaitez, devant les adhérents : vous leur redonneriez confiance. Persistez, et du MoDem il ne restera bientôt plus ….que vous, et nos souvenirs.

Je vous adresse toutes mes amitiés démocrates et j’ose croire encore en un grand destin pour notre mouvement, d’une façon ou d’une autre. »

Jean-Louis FONTAINE
Formateur en politiques du Handicap
animateur de la commission « handicap » et de celle « seniors et dépendance »

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Internet, libertés et société

A l’heure où ACTA prend le prétexte de la défense de la propriété intellectuelle, la question de la rémunération des auteurs doit être traitée par ceux qui veulent défendre les libertés numériques. J’ai une faiblesse pour Les Ernest, et j’y ai collecté quelques pépites sur cette thématique.

Françoise Benhamou Quelles économies pour le numérique…

Comment l’industrie du livre ou de la musique peut-elle s’adapter aux révolutions provoquées par Internet?
Hadopi n’apparait pas comme une réponse adaptée à la question de la juste rémunération des auteurs.

Serge Soudoplatoff  Les vraies ruptures d’Internet

Serge Soudoplatoff revient sur l’histoire de la révolution Internet, et s’interroge sur la société que ce nouvel outil peut nous permettre de créer.
http://www.dailymotion.com/video/xchhe2

Des réflexions intéressantes, avec le développement d’une société « en réseau », qui peut remettre en cause les structures hiérarchiques traditionnelles. La construction de l’Internet est l’exemple d’un travail collaboratif, effectué par des passionnés, sans structure organisationnelle.

Dany Cohen, Droit et surveillance de l’individu…

Dany Cohen revient sur les différentes lois qui permettent aujourd’hui la surveillance des individus… Il s’interroge sur les possibles dangers pour les libertés, et pour la vie privée…
http://www.dailymotion.com/video/xbwsfu

La justification de la surveillance est la sécurité, ou l’ordre. Mais elle est souvent utilisée comme une « arme magique ». La vidéosurveillance omniprésente dans Londres n’a pas empêché les attentats.

Sur ce sujet de la surveillance, merci à Bug Brother et Privacy International pour leur vigilance

Big Brother Awards: c’est reparti !

Communiqué de Privacy France, 3 mars 2010

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Aujourd’hui, je procrastine

« Il ne faut pas remettre à plus tard ce que l’on peut faire le jour même ». Et pourtant, que d’échappatoires trouvés à cette activité que je me suis promis de faire. Et la file d’attente de la « to-do-list » s’allonge.

Des idées de billets ? Oui, mais sur quel sujet, il y a tant à dire, tant à analyser, tant à discuter.

Un billet sur l’actualité de l’Acta, sur les pertes d’emploi et de compétences dans les NTIC, sur les positions respectives de Jacques Julliard et de Jean Peyrelevade sur l’évolution de la « social-démocratie », sur Internet et l’évolution de la société, sur la situation du Modem ?

Alors, aujourd’hui, basta. Je fête la journée de la procrastination (même si cela ressemble à une opération publicitaire, relayée par Le Monde)

http://www.dailymotion.com/video/x6v8h8

Une réponse au « Travaillez plus »…

http://www.dailymotion.com/video/x9zy92
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Hadopi, les élections régionales et le Modem

Et comment le message de François Bayrou (François Bayrou estime la loi Hadopi « risquée et inadaptée ») n’est pas paru assez clair, ni assez fort.  Etait-ce délibéré ou un problème de présence médiatique?

Auprès des internautes, le flambeau de la défense des libertés sur Internet semble avoir été repris par Europe-Ecologie (cf action médiatisée des Verts au Parlement Européen). Dommage !

Article « piraté » sur Numérama » (CC).

Quelle influence a eu la loi Hadopi dans les élections régionales ?

Il est évidemment impossible de déterminer l’impact qu’a pu avoir une loi nationale aussi spécifique que la loi Hadopi sur le choix du bulletin qu’ont glissé les électeurs dans leur urne, à des élections locales. La logique voudrait que l’impact fut nul, ou négligeable. Le droit d’auteur et le téléchargement ne sont déjà pas des thèmes de campagne nationaux, ça n’est donc pas pour en faire des éléments déterminants à l’échelle régionale.

Pourtant, la loi Hadopi reste en travers de la gorge de certains élus UMP, qui la jugent symbolique d’une certaine perte de crédibilité. Catherine Vautrin, députée de la Marne, aurait ainsi expliqué lors de la réunion de groupe post-électorale de l’UMP que la loi Hadopi avait été « incomprise » par les Français et qu’il aurait fallu que le parti présidentiel soit « plus humble » face aux critiques qui s’exprimaient. Un coup porté à Nicolas Sarkozy, qui avait promis qu’il irait « jusqu’au bout » dans l’adoption de la loi, même après sa censure par le Conseil constitutionnel.

De même, le député UMP Bernard Debré a lui-aussi jugé la loi Hadopi symptomatique d’une dérive du groupe parlementaire. « J’ai pris comme exemple la loi Hadopi, qui était ce qu’elle était, mais elle nous a mis à dos un certain nombre de jeunes. Elle a hésité, tergiversé, puis finalement elle a été votée parce qu’on nous l’a demandé avec beaucoup d’insistance…« , a ainsi raconté le député au micro de RMC. « Ca n’était pas une bonne chose (…), la position des députés était très inconfortable« .

Sur Twitter, Samuel Autheuil indique par ailleurs que « les premières analyses fines du résultat des régionales semblent indiquer que l’UMP a lourdement décroché chez les 18-25 ans« , et se demande s’il s’agit là d’un effet de la Hadopi. « L’UMP a plus largement décroché chez les très jeunes électeurs que chez les autres« , relate-t-il. Pour le moment, aucune publication ne permet de vérifier l’ampleur des dégats. Mais il ne serait pas surprenant.

Nous avions expliqué il y a un un an l’enjeu électoral de la loi Hadopi en évoquant la prise de position timide mais réelle du Parti Socialiste, par rapport à la désertion totale de François Bayrou – qui selon nous en ne montant pas au front contre Hadopi a totalement coupé les racines qu’il avait réussi à implanter sur Internet lors du débat de la loi DADVSI, avant les présidentielles :

(…) le Parti Socialiste réalisera enfin que la défense des valeurs républicaines est au moins aussi importante pour leur électorat que la possibilité d’afficher en période électorale le soutien de Mireille Mathieu, de Luc Besson ou de Johnny Hallyday.

C’est toutefois déjà bien mieux que le MoDem de François Bayrou, qui a choisi d’ignorer totalement le sujet, et d’oublier dans le désert ces bédoins d’internautes qui avaient pourtant largement contribué à porter le leader centriste très proche des sommets lors des précédentes élections présidentielles. Mais peut-être François Bayrou estime-t-il qu’il n’est pas si grave de privatiser la recherche des infractions, ou de condamner à la chaîne (jusqu’à 1000 par jour !) des coupables présumés sans qu’ils aient les moyens juridiques ou matériels de prouver leur innocence ? Nous en doutons. Mais il faudra qu’il le démontre.

La loi Hadopi n’a en tant que telle aucune importance pour les élections régionales. Mais la manière dont la riposte graduée a été défendue par le gouvernement, la manière dont les élus UMP l’ont voté fièrement même lorsqu’ils étaient contre, le dédain exprimé à l’encontre du Parlement Européen et de la société civile (à de nombreuses reprises), l’obstination à ne pas vouloir entendre les argumentations contre Hadopi, et à censurer ses propres troupes de jeunes qui l’avertissaient du danger… tout cela a donné de l’UMP l’image d’un parti politique sourd et aveugle, adepte d’une doctrine sans aucun sens moral ou éthique, sans respect ni de la justice ni du bon sens.

Ca n’est pas quantifiable en points perdus par l’UMP. Mais ça a beaucoup contribué à alimenter dans l’inconscient collectif la réprobation d’un parti qui ne semble plus guidé par aucune autre valeur que l’obédience aux puissances financières et médiatiques. Or si Internet n’a pas d’idée politique, il nous semble que s’y exprime massivement une conscience politique humaniste beaucoup plus présente que dans la société traditionnelle. Un humanisme dont l’Hadopi fut le parfait contre-exemple.

Article diffusé sous licence Creative Common by-nc-nd 2.0, écrit par Guillaume Champeau pour Numerama.com
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