Que ferais-tu si tu n’avais plus de blogue ?

C’est pour moi une grande première. J’ai été taguée par l’Hérétique ! Merci d’avoir pensé à moi, je ne croyais pas mon petit blog susceptible d’être remarqué. Cela fait plaisir de se savoir reconnue.

Et c’est curieux, cette question, qui arrive à un moment où j’avais décidé de lever le pied sur l’écriture de ce blog , ma reprise d’activité professionnelle me laissant peu de temps libre. Et oui, j’ai retrouvé le « métro, boulot, dodo », dans un milieu « mondialisé » où les 35 heures relèvent d’une douce utopie.

J’étais passé un peu en mode « veille » sur mon blog, et pensait limiter le nombre de mes billets. Je ne fais plus guère de commentaires sur Le Monde ou autres sites. Je n’interviens presque plus sur mon forum préféré.

Mais je reste « connectée », à l’écoute du monde, des blogs et des fora. Je suis une abonnée « ancienne » à Mediapart, et j’apprécie leur volonté d’investigation et d’analyse.

La colère est revenue, la révolte avec elle.  Je n’ai pas supporté les attaques contre les journalistes indépendants, les injures des chiens de garde, les mensonges, les manipulations, tout cela déclenché par les révélations « Woerth-Bettencourt » .

J’ai retrouvé le chemin de mon clavier personnel, y ai sacrifié quelques heures de sommeil. Communiquer sa révolte est une forme de combat.

C’est sans doute la raison pour laquelle ne plus avoir de blog me priverait le plus: partager avec d’autres ce que j’ai appris et ce qui m’émeut, faire partie d’une chaîne citoyenne qui répercute ses coups de cœur et ses coups de sang.

Mais avec parfois cette inquiétude, ce doute: est-ce que ce que j’écris intéresse d’autres personnes ? Est-ce que je ne « crie pas dans le désert » ? N’est-ce pas une perte de temps, une fuite, une procrastination ? Et les autres écrivent tellement mieux, ont l’air beaucoup plus à l’aise que moi avec l’écriture, sont tellement plus productifs.

Bref, l’auto-censure menace.

Et j’ai plein de choses à faire: je croule sous les livres et revues non lues, les DVD non visionnés, les sorties de films zappées, les pièces de théâtre loupées, les rosiers qui s’étiolent, l’entretien de la maison négligé, …

Mais internet est devenu une véritable  « addiction ». C’est par le web que je me suis re-intéressée à la politique, avec la campagne présidentielle et Bayrou.  J’étais fascinée par ce réseau de blogueurs enthousiastes qui portaient ses idées. Enthousiasmée aussi par ce foisonnement de débats, cet engagement collectif, cette ouverture au monde pratiquée dans la blogosphère.

Et je me suis lancée à mon tour. Un peu pour voir. Et puis, j’y ai pris goût. Je crois que j’aurais du mal à me passer de cet espace, de cette expression. Et quand je sens les menaces que font planer certains sur Internet, par exemple, sur le fait que l’on puisse s’y exprimer de manière anonyme, je ne peux pas laisser faire.

Je suis trop révoltée pour accepter l’idée de ne plus avoir de blog, et de me contenter de « cultiver mon jardin ». De ne plus être une « citoyenne engagée », mais de me laisser bercer par « Tout est tranquille. Dormez braves gens », d’obtempérer à « circulez, il n’y a rien à voir » .

Il y a aussi l’exercice, peu naturel pour moi, de communiquer, de faire partager ce que je sais. J’aime partir à  la chasse à l’information, capter le maximum de connaissance, mais j’ai tendance à « thésauriser » tout cela. D’où l’aspect salutaire d’un blog, où je peux ressortir ce que j’ai trouvé et que je pense intéressant, à ma guise. Butiner et proposer mon « miel ». Libre à l’internaute de s’y intéresser ou non.

Cet exercice me manquerait, si j’arrêtais.

Sans doute, pour compenser,  j’essaierais de participer à des « clubs de réflexion », comme le CRREA . Mais cela ne laisserais pas la même liberté d’organisation, ni la même indépendance, que la tenue d’un blog. J’interviendrais davantage sur des fora ou des sites, mais sans cette maîtrise des sujets et du texte qu’apporte un blog.

Mais un blog demande du temps, pour être lu, même sans vouloir grimper dans les statistiques d’audience. Cela va être difficile, pendant quelques mois, de le maintenir en vie. Il y a tellement de blogs abandonnés maintenant.

C’est avec tristesse que j’ai appris aujourd’hui la disparition d’un autre grand blog, celui de quelqu’un que j’apprécie énormément, notre grand JFK. Il s’explique dans  » Que voulait être ce blog ? ».

En espérant une note plus optimiste, je passe le relais à Mamouchka , à Libre, et à Chantal

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4 réponses à Que ferais-tu si tu n’avais plus de blogue ?

  1. Mamouchka dit :

    Je suis trop vieille pour la course au relais !

    Quant au volume d’articles, j’ai toujours préféré « peu mais bon » à « trop,ordinaire ».

    Donc, un conseil : prendre du recul, pratiquer l’introspection et ne jamais oublié pourquoi il est nécessaire d’écrire !

    Pour la qualité rédactionnelle, la pratique améliore le style et la fluidité… Le « comité de lecture » aussi …
    Pour la pertinence du sujet : question de « coup de cœur » et l’envie de le faire savoir.
    Pour l’utilité de bloguer : à défaut de structure et d’audience « en vrai », se permettre de communiquer alors que les temps sont mauvais devient une nécessité morale !
    « J’ai vu venir le problème et je l’ai dénoncé ! » de la sorte, je n’aurais pas mauvaise conscience, ni remord.
    Il n’est plus temps d’être égoïste, en somme.

    Mamouchka.

  2. l'hérétique dit :

    Bonjour Abeille,

    Bon, on a ouvert et on conserve nos deux blogues un peu pour les mêmes raisons, en somme…

  3. FrédéricLN dit :

    Billet magnifique ! et le commentaire de mamouchka en est comme un bon résumé !

    Meilleurs voeux de plaisir blogique.

  4. EvelyneD dit :

    Merci à vous trois

    @Mamouchka:
    Ton commentaire est déjà une superbe contribution à la chaîne

    @L’Hérétique:
    Mais c’est un tout petit blog que le mien, et mes billets se font rares en ce moment

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