Sans les interdire, rendre difficile d’accès les sites non conformes, comme Mediapart, Rue89 ou le Blog de l’Hérétique. Faire payer un supplément pour visualiser une vidéo sur YouTube, ou sur le site des TED, parce que non rentable pour l’opérateur-aussi-fournisseur-de-contenu.
Voilà ce que, sous des prétextes techniques fallacieux, entreprend Eric Besson.
Car il s’attaque à la Neutralité du Net. Et l’arme de la Novlangue est réutilisée, comme nous y avons été habitués par nos gouvernants et consorts. La « Neutralité du Net », ce serait donc des flux prioritaires (ceux qui rapportent de l’argent avec du temps de cerveau disponible). Car le Net, c’est un moyen formidable d’information et de réflexion, que tous les (apprentis) dictateurs redoutent, comme l’ont montré les exemples tunisiens et égyptiens.
De plus, le gouvernement veut prendre le contrôle de l’Arcep, qui était un organisme indépendant, pas toujours obéissant aux desiderata des puissants. Ce que condamne l’Europe !
La « régulation » de l’Internet selon Besson , c’est comment favoriser les lobbies des gros opérateurs « amis » (SFR-Vivendi, Richard-Orange, Bouygues-Bouygues) et de l' »industrie culturelle », qui nous a déjà imposé Hadopi. Et son argumentation technique est aberrante, mais on se souvient de la privatisation des autoroutes et des augmentations des péages : Eric Besson, la neutralité du Net et les autoroutes de l’information
Nous retrouvons une curieuse conception de la démocratie: pour pouvoir émettre un avis, participer au débat, faire entendre sa voix, il faut payer! C’est ce que révèle cet article de Numérama.
Bientôt, pour voter aussi ? Le suffrage censitaire serait de retour dans ce qui ne serait plus une démocratie ?
Neutralité du net : seuls les lobbys qui payent peuvent en débattre !
Pour intervenir mardi dans un colloque sur la neutralité du net, auquel participent ministres et parlementaires, il fallait payer au moins 10 000 euros de droit d’entrée, selon un représentant de PriceMinister qui a refusé par principe. A la différence des responsables politiques, qui n’y trouvent pas grand chose à redire.
Ce mardi sont organisées à Paris les 2ème Rencontres Parlementaires sur l’Economie Numérique, à l’initiative du député centriste Jean Dionis du Séjour. Une rencontre importante à laquelle participent deux ministres, Eric Besson et Frédéric Mitterrand. La journée s’est ouverte par une table ronde sur « la neutralité des réseaux et les offres commerciales« , qui a très vite tourné aux meilleurs moyens de s’assurer que les réseaux ne soient plus neutres, mais financés par les éditeurs de contenus pour les uns (les opérateurs), filtrés pour les autres (les créateurs de contenus).
Outre les députés Patrick Bloche (PS) et Catherine Morin-Dessailly (Nouveau Centre), très proches du monde culturel, les intervenants à la table ronde étaient des représentants de UFC-Que Choisir, de la SACEM, d’Alcatel-Lucent, et de France Télécom Orange. Etait également présent Eric Walter, le secrétaire général de l’HADOPI. Aucun éditeur de sites ou d’applications sur internet n’étaient en revanche représentés, pour un sujet qui les concerne pourtant au premier chef.
La raison en est simple. Elle a été révélée par Benoît Tabaka, le directeur des affaires juridiques de PriceMinister. Il fallait payer entre 10 000 et 15 000 euros pour avoir le droit à la parole dans cette table ronde, organisée pour les parlementaires par le cabinet M&M Conseil, qui propose « une approche renouvelée du conseil en communication« .
« Au service du débat public, avec exigence« , dit la page d’accueil de la société fondée en 1999. Ses deux principales activités sont l’organisation de colloques et conférences, et le « conseil en communication et lobbying« . Et pourquoi ne pas mêler les deux ?
Sur Twitter, la présidente de la table ronde et députée UMP Laure de la Raudière s’est contentée de rassurer sur le fait que « les députes ne sont pas payés…mais ne paient pas non plus« . Cependant il ne s’agit pas ici de critiquer une corruption active.
Le problème est qu’à ce prix, aucune TPE/PME ni aucun activiste smicard ne peut s’offrir un quart d’heures d’intervention orale dans un débat qu’il juge pourtant important, et dont les conclusions peuvent fortement l’impacter. En revanche, les grands lobbys peuvent s’offrir des heures d’interventions cumulées partout où interviennent les parlementaires et les ministres, qui se font beaucoup plus rares dans les réunions organisées gracieusement par des bénévoles, et ainsi modeler leur esprit pour obtenir les réformes qu’ils souhaitent, sans dissonances.
Oui… Guillaume Champeau veille, mais je doute que ça suffise.