Chère amie, cher ami,
Au lendemain des élections régionales, je veux vous assurer de ma reconnaissance. Dans des circonstances difficiles, les plus difficiles que nous ayons traversées depuis longtemps, vous vous êtes présentés sur nos listes et battus courageusement. Pour nous tous, c’est très important et je tiens à vous dire merci.
Chacun d’entre nous a vécu la soirée de résultats avec tristesse. La vie politique est ainsi : elle fait alterner les souvenirs magnifiques, les moments d’exception, et les jours plus sombres. De tout cela, nous aurons à faire le bilan. Et nous le ferons sans tergiverser.
Mais j’ai voulu vous adresser sans attendre le texte de la déclaration que j’ai faite à la presse dimanche soir, qui dit à peu près exactement ce qu’est notre vision des choses et notre état d’esprit.
Je vous assure de mon amitié.
François Bayrou
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Déclaration de François BAYROU
Dimanche 14 mars 2010
Pour notre pays, c’est un jour inquiétant. Les résultats de cette soirée disent que la France va mal ; l’abstention a battu tous les records ; l’extrême droite est de retour à des niveaux jamais atteints depuis des années. L’état du pays a dépassé la cote d’alerte.
Et c’est un mauvais jour pour nous. Nous n’avons pas réussi à regrouper les électeurs autour des listes et des candidats, souvent nouveaux, que nous soutenions.
Je veux cependant exprimer ma gratitude à tous ces candidats, femmes et hommes, qui, dans leur région, ont été courageux et engagés. Je veux dire nos félicitations à ceux qui, dans leurs régions, souvent dans l’adversité, ont réussi à convaincre et en premier lieu à mon ami Jean Lassalle en Aquitaine.
De tout cela, nous ferons l’analyse et nous tirerons les leçons, bien sûr. Et ce qu’il faudra changer, nous le changerons.
Pour autant, être minoritaire, c’est une déception, c’est un désagrément, c’est un passage rude, mais ce n’est pas une honte. Et une vérité ne cesse pas d’être vraie parce qu’elle est minoritaire.
Les temps viennent où les Français vont découvrir la véritable situation de notre pays, et se demanderont comment reconstruire. À ce degré de gravité, j’en ai la certitude, on ne pourra pas reconstruire dans l’affrontement sourd d’un camp contre l’autre. Au contraire, les Français auront besoin de responsables politiques qui leur disent la vérité, qui proposent un projet de société différent et équilibré, et qui aient la volonté de rassembler. De vérité, de vision, d’équilibre, de rassemblement, la France un jour aura besoin autant que d’air pour respirer.
Et c’est pour cela qu’il n’y a ce soir qu’une seule chose à dire : facile ou difficile, peu importe, il faut continuer le combat pour un autre projet de société, pour d’autres valeurs. Les Français, tous les jours, dans leur santé, dans leur famille, dans leur vie professionnelle, surmontent des difficultés, endurent des chocs, et repartent : eh bien, nous ferons comme eux, et, j’espère, avec eux.